Prisoners (Denis Villeneuve - 2013)

C'est la première fois que j'arrive à aller au bout d'un film de Denis Villeneuve et j'ai même bien aimé , enfin!!
Je crois que le petit thriller périphérique (pas vraiment le truc noir urbain super bétonné mais pas non plus la campagne profonde) c'est finalement ce qui correspond le mieux au style du réal. Lui qui aime les ambiances un peu hors du temps, lourdes, qui laissent s'étirer chaque silence, chaque ligne de dialogue, qui semble donner à son casting comme instruction de tout faire au ralenti, je trouve que dans le cadre d'une enquête terre à terre et plutôt ancrée dans le réel, ça prend (quand il fait de la sf tout lui tombe des mains et il est bouffé par un truc à l'ampleur trop grande pour lui on dirait). Ici la sauce prend parce que sont traités ici des enjeux auxquels on peut se raccrocher, des trucs qui nous parleront, qui nous toucheront, qui questionneront nos valeurs morales, donc si la mise en scène est correcte, ça ne peut que fonctionner. Et là il faut bien avouer que Villeneuve s'en sort très bien, l'atmosphère du film est étouffante, chaque minute semble interminable mais comme on regarde le truc les doigts plantés dans les accoudoirs du siège, on ne trouve pas le temps long. Certes, le machin fait ENCORE 2h30 (faut vraiment qu'il se calme de ce côté là) et il y a sans problème 30/40 minutes de gras pas indispensables, mais comme le casting est absolument impérial (Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sont parfaits de la première à la dernière seconde, de même que Paul Dano qu'on ne cite sans doute pas assez) et que la photo nous balance à la gueule des tableaux d'une beauté crépusculaire sublimes, on se tait et on profite simplement du ride.