LA DIABLESSE AUX MILLE VISAGES(QIAN MIAN MO NU) Hong Kong, 1969Réalisateur: Chang-hwa Jeong (Chung Chang-Wha)
Genre: action sexy et psychédélique
Durée: 76 min
Avec: Tina Fei Chin, Liang Chen, Pat Ting Hung...
L'histoire:Voici l'histoire d'une cambrioleuse de haut vol, experte dans l'art du travestissement qui défie la police en dérobant les plus beaux bijoux de la haute société. Mais une journaliste zélée et tenace traque la voleuse et résiste à ses intimidations. Le duel devient terrible, tous les coups sont permis. Laquelle des deux femmes aura raison de l'autre...?--------------------------------
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Réalisé par Chung Chang-Wha (l'excellent la main de fer) en 1969, La diablesse aux mille visage mérite largement qu'on y jette un regard curieux. A vrai dire je pensais d'abord me retrouver devant un pur film de kung-fu dans la lignée de la main de fer, avec de la castagne et des moines Shaolin. Erreur (quand on ne lit pas l'arrière de la jaquette c'est ce qui arrive
)! En fait le film est bien ancré dans son époque -1969 frappant aux portes des 70's- et il nous le prouve avec une histoire fantaisiste, mélangeant avec autant de plaisir les genres que les couleurs. C'est ainsi que dans de très beaux décors (renvoyant autant au Danger : Diabolik de Bava qu'au Super Inframan de Shan Hua) créant une ambiance psychédélique en diable, le réalisateur nous embarque dans une intrigue policière menée tambour battant, bourrée d'humour et d'action sexy. Car oui le bourre-pif chorégraphié n'a pas été délaissé, et ce sont même de charmantes actrices qui se chargent de les distribuer. D'un côté nous avons Tina Fei Chin, l'héroine et journaliste, de l'autre Pat Ting Hung la fameuse diablesse. Un duel 100% féminin donc, qui donnera lieu a de nombreuses confrontations mémorables, les deux ennemies se battant généralement en mini-jupe ou carrément en sous-vêtements (ce film est un pur chef-d'oeuvre)! Mais bien évidemment le film possède d'autres qualités de taille, comme un rythme efficace qui distille avec brio le suspens jusqu'au bout. En effet, les rebondissements s'enchainent du début à la fin, et ce en grande partie grâce à la fameuse diablesse. Cette cambrioleuse professionnelle a dans sa manche un atout de taille pour déjouer les plans des policiers et s'emparer inévitablement des bijoux qu'elle convoite: des masques. A l'effigie du chef de la police, de la journaliste ou de plusieurs autres personnages, ces masques permettent à la diablesse de passer inaperçu un laps de temps assez long pour mettre son plan à exécution et s'échapper avant que les gens ne se rendent compte de la supercherie. L'occasion d'assister à de savoureux quiproquos, qui achèveront de faire de ce film un spectacle des plus réjouissant, fun et décomplexé. Shaw Brothers style quoi.
Mais...attendez...Des masques...des bijoux...une journaliste...des policiers...une cambrioleuse...
Oui monsieur Fantômas, vous avez raison de le faire remarquer. La diablesse aux mille visage, excellent film de la Shaw Brothers est également une relecture à peine cachée du mythique film d'André Hunebelle. Sorti 5 ans plus tôt, Fantômas a été une source d'inspiration majeure pour le film de Chung Chang-Wha, celui-ci reprenant plusieurs de ses scènes emblématiques.
Et ça commence dès les premières minutes du film, puisque la scène d'introduction est identique en tout point. Dans un film comme dans l'autre, Fantômas/la diablesse va dans une bijouterie sous une fausse identité, achète pour une somme considérable les plus belles pierres, et s'en va en laissant un chèque dont la signature s'effacera peu de temps après, sous le regard médusé du propriétaire de la boutique.
Plus tard d'ailleurs, on retrouve également la scène du défilé de mode, lors duquel la police garde une forte somme d'argent en bijoux dans une pièce. Dans un film comme dans l'autre, fantômas/la diablesse se servira d'un gaz somnifère pour endormir les quelques personnes présentes, avant de s'emparer du trésor sous les traits de son ennemi, le (la) journaliste Fandor/Ji Ying.
On constate aussi que Fandor/Ji Ying débutent le film de la même manière. Après avoir mis en scène l'interview d'un faux Fantômas/diablesse, histoire d'avoir un scoop, les deux personnages se font kidnapper.
Se réveillant dans la base secrète de leur ennemi respectif, on peut remarquer que les sbires sont habillés sensiblement de la même manière dans les deux films (ensemble noir), à la différence près que ceux de Fantômas sont des hommes, tandis que ceux de la diablesse sont des femmes. Par contre ce qui ne change pas non plus, ce sont les affrontements entre Fandor/Ji Ying, et ces fameux hommes/femmes de main.
On retrouve également d'autres scènes cultes, comme celle où des témoins doivent faire un portrait robot du cambrioleur. Seul le ton change, résolument comique dans Fantômas, plus dramatique dans La diablesse car Ji Ying n'est pas un personnage humoristique.
Dans une moindre mesure enfin, on retrouve encore 2-3 scènes identiques. La plus évidente reste le plan nous montrant les différents masque de Fantômas/la diablesse.
Celle plus passe-partout de la boutique de hi-fi dont les télévisions en vitrine passent une déclaration du héros, est également présente.
Notons pour terminer une rapide escapade en bateau dans la dernière partie du film pour Fantômas/la Diablesse.