Date de sortie : 15 Mars 1945
Réalisé par Marcel Carné
Avec Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur
Film français. Genre : Drame
Durée : 3h 25min. Année de production : 1943
Synopsis 1840, boulevard du crime. Les amours contrariés de Garance et du célèbre mime Deburau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance et la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste.
Un double succès critique et populaire Les Enfants du paradis connut dès l'origine un succès spectaculaire. Au niveau critique d'abord : le quotidien L'Aurore affirma ainsi que "le film est une réussite plastique [...]. Mais c'est aussi un drame haletant, poétique, satirique, vigoureusement réaliste." Depuis, le film est devenu un des grands classiques du cinéma, comme le montre son titre de "meilleur film français de l'histoire du cinéma" accordé par l'Académie des Césars dans les années 1980.
Sur le plan commercial ensuite : le film est resté 54 semaines à l'affiche en exclusivité, totalisant 41 millions de francs de recettes ! Il fut par ailleurs diffusé quatorze fois à la télévision de sa sortie à 1999.
Peu de récompenses Malgré son succès quasi-unanime, Les Enfants du paradis reçut peu de récompenses lors de sa sortie : à part la mention spéciale au Festival de Venise en 1946, il ne bénéficia que d'une nomination aux Oscars pour le meilleur scénario en 1947, sans suite.
Double apparition On peut noter, parmi les acteurs, la présence de Jean Carmet, toutefois non crédité au générique. Il s'agissait de sa première apparition au cinéma.
Un tournage mouvementé Le tournage eut lieu autant que possible en secret, plusieurs des auteurs du film (notamment Prévert) étant engagés dans la Résistance, et le film lui-même pouvant partiellement être vu comme une parabole sur la situation française de l'époque. Il faut notamment souligner que Marcel Carné prit le risque de faire travailler au noir deux collaborateurs : le décorateur Alexandre Trauner et le compositeur Joseph Kosma, tous deux juifs, jouaient gros et ne furent en crétinouséquence pas crédités au générique.
En outre, commencé le 16 août 1943, le tournage fut bientôt interrompu par le ministère de l'Information en raison de l'imminence du débarquement allié. La société de production, italienne (il s'agissait de Scalera Films, créée par André Paulvé, le producteur des Visiteurs du soir) abandonna au même moment. Ce n'est que grâce à Pathé, qui décida de soutenir le film, que le tournage put reprendre le 9 novembre.
Un autre ennui affecta enfin le film : l'interprète de Jéricho, Robert Le Vigan, coupable de collaboration, s'enfuit à Sigmaringen, hors de France, après avoir tourné une seule et unique scène (il fut par la suite condamné par contumace). Marcel Carné songea alors à Pierre Alcover mais celui-ci, malade, ne pouvait reprendre le rôle. C'est donc à Pierre Renoir qu'incomba finalement cette tâche.
Mon avisComme le dit un ami, "en ces temps de Taxi 3, ça fait du bien de se rappeler qu'on a eu un vrai cinéma".
La chose semble entendue : c'est un des plus grands films jamais réalisés. Mais c'est surtout une oeuvre éternelle, dont le génie ne se démodera jamais et qui saura encore émouvoir dans 50, 100 ou 1000 ans. Pendant plus de 3 heures, on est bouche bée devant la présence renversante de ces immenses acteurs au sommet de leur art.
Jean-Louis Barrault, génial dans ses numéros de mime, aussi émouvant sous son maquillage de Pierrot qu'en amoureux rêveur des bas-fonds de Paris. Arletty, d'une noblesse et d'une sobriété bouleversantes. Pierre Brasseur sidérant d'énergie, hilarant dans son rôle d'acteur en perpétuelle représentation. Marcel Herrand, Lacenaire vénéneux, cynique mais presque touchant et d'une classe incroyable. Et Maria Casarès, et Pierre Renoir, et Louis Salou, et tous les autres personnages de cette immense fresque...
Tous donnent le meilleur d'eux-mêmes, stimulés par les dialogues étincelants, à la fois simples et follement spirituels, de Jacques Prévert.
Une référence indépassable, un film immortel.