Network (Sydney Lumet - 1976)

Sur le point de se faire virer, un présentateur de JT se lance en direct dans une tirade légèrement subversive et annonce même son prochain suicide en direct. Devant la hausse de l'audimat suite à ce coup d'éclat, il est ré-embauché et obtient sa propre émission où il devient une sorte de prophète électrisant les foules... au grand bonheur des dirigeants de la chaine.

Excellent. Sur base d'une histoire réellement subversive et rentre-dans-le-lard, Lumet réalise avec une très grande classe un film sur la main-mise de la télévision sur les nouvelles générations (ce qui heureusement tend à se perdre... enfin je crois). Entre audiences et audimat, spectateurs recherchant uniquement les nouvelles rassurantes, fausse subversion et vrais contrôle des masses, liens avec les gouvernements étrangers etc. ce que dépeint Lumet est loin d'être joyeux. Le script en lui-même manque parfois un peu de subtilité et hurle tout fort des vérités vraies qui nous semblent évidentes aujourd'hui. Comme souvent chez Lumet, c'est la caméra qui raconte l'histoire. Elle se glisse dans les coins, prends des angles inédits et joue avec les plans pour nous dire quelque chose qui passerait moins facilement avec mots : le ressenti d'un personnage, sa place dans l'histoire, etc. Par exemple, quand Howard Beale parle de déshumanisation à son public, Lumet se place dans son dos cachant son visage... celui qui est déshumanisé, c'est lui. Ou quand le personnage de Robert Duvall est placé en transversale à la TV, juste devant une grande lampe, montrant qu'il réalise ce qui se trame dans la scène. Et encore ce montage subtil de Faye Dunaway parlant continuellement de son travail... Lumet est un grand.