Balada Triste de Trompeta (Alex de la Iglesia - 2011)

Grosse grosse baffe. Alex de la Iglesia atteint ici un point culminant dans sa carrière (encore longue et fructueuse on l'espère) en reprenant et synthétisant toutes les thématiques qui ont jalonné ses précédentes créations. La première, la plus évidente, est la présence du clown triste, chargé de faire rire à ses dépends les spectateurs alors qu'il souffre le martyre, psychologiquement et physiquement. N'est-ce pas une récurrence dans l'oeuvre de de la Iglesia (mettons Crimes à Oxford à part) ? Mort de rire et ses Laurel et Hardy loin de s'amuser, Lourdes du Crime Farpait et son physique ingrat, Julian de 800 balles qui n'attire plus autant de monde qu'avant pour ses shows spectaculaires etc. Ici, le clown triste est Javier, "jeune" clown hanté par les souvenirs de la mort de son père, entrant dans un cirque et tombant amoureux de la belle Natalia.


Seconde thématique à ressurgir, celle de la dualité, comme chez beaucoup de réalisateurs hispaniques traumatisés par le conflit ayant mené Franco au pouvoir. Tel la France et son conflit Résistance/Collaboration de 40-44 et les Allemands et le rideau de fer, les Espagnols sont profondément marqués par cette division du peuple. Ainsi, on peut entrevoir plus ou moins subtilement cette thématique dans la filmo de De la Iglesia, surtout dans Mort de rire (précurseur total de ce Balada Triste), où deux gars font les clowns en se foutant des baffes.


Chose incroyable également, parmi toutes les difficultés scénaristiques que de la Iglesia a eu à affronter pour faire cohabiter avec une telle rage ces personnages et ces thématiques, c'est la présence de l'Histoire au centre même du récit. A la manière d'un Forrest Gump, les personnages traversent les évènements et rencontrent des personnages qui vont avoir le même impact sur eux qu'ils auront eu sur l'Espagne. Et bien sûr, cela se fait sans heurt pour la narration ou ces personnages, mais bien avec la même force thématique qui traverse tous les films de Alex de la Iglesia.


Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce Balada Triste, du retour de Santiago Segura qui semble s'être réconcilié avec le réalisateur, à la présence d'images fortes appuyant le propos du réalisateur avec subtilité en passant par des séquences de taré (la bataille du début, la métamorphose, etc.) qui font de Iglesia l'un des meilleurs metteurs en scène en activité.

Je vous laisse avec ce générique qui annonce la couleur et qui me donne envie de revoir le film (déjà). Ne matez pas de bande annonce, ne lisez aucun résumé, allez juste voir et découvrir le film. Et vive les distributeurs français qui font de ce film une parodie de "Il faut sauver le soldat Ryan" -_-

Youn a écrit:

Ho frak

J'ai très envie de le voir
Même si je commence à en avoir ma claque de la guerre civile (7 ans que j'étudie l'espagnol, pas une année sans qu'on passe des heures à parler du traumatisme que ça a causé ), le film m'a l'air franchement délirant, au sens propre du terme. J'ai tellement aimé la vidéo que je suis pas allé jusque au bout pour me garder l'effet de surprise

Citation :

7 ans que j'étudie l'espagnol, pas une année sans qu'on passe des heures à parler du traumatisme que ça a causé

Eux aussi ils ont leur "Aux heures les plus sombres de notre Histoire ?" :godwin:

Je sors tout juste de la séance.
Je n'irais pas aussi loin dans l'étude que Youn, puisque ce n'est que mon deuxième de la Iglesia... mais je confirme que le film est effectivement une grosse baffe dans la gueule comme on n'en voit plus tellement de nos jours.

Si je devais le comparer à un film, aussi bien en terme d'esthétique (flamboyante) que dans la construction assez formidable du récit, ce serait avec le Santa Sangre d'Alejandro Jodorowsky.
Les deux films ont en commun de nous plonger non seulement dans le monde du spectacle burlesque, mais surtout d'aller fouiller au plus profond des personnages, aussi torturés puissent-ils être. Les performances schizophrènes des acteurs en témoignent facilement.
Dans le cas de Balada Triste (de Trompeta), de la Iglesia y va tellement loin et fort qu'il semble s'amuser davantage avec son récit (faut dire que ça part plus ou moins dans tous les sens, quitte à repasser sur la grande histoire de l'Espagne du XXème siècle) qu'avec le spectateur, qui ne sait vraiment trop comment réagir devant ce qu'il voit.

Spoiler:

Mais je soutiens Youn : il ne faut absolument pas se fier à la promo française (aussi bien dans les extraits trompeurs des critiques que dans l'ambiance de la bande-annonce) et y aller franco (Rires) dans les salles.

J'ai déjà envie de le revoir.

Mr.Movie a écrit:

et y aller franco (Rires) dans les salles.

J'ai ri.

Moi aussi .

Moi j'ai juste souri. Faut pas déconner non plus
D'ailleurs MM, elle est où la mère ?

Méliès d'or

http://www.20minutos.es/noticia/1187513/0/balada-triste/alex-iglesia/sitges-2011/