Le Livre d'Eli (Frères Hughes - 2009)

Le début déboîte et poutraille sa reum dans tous les coins. C'est clair, la production design s'est surpassée et les frangins Hughes nous proposent un magnifique Post-Apocalyptique avec en prime un gros badass de héros qui reste introverti et calme la plupart du temps. Les plans sont ultimes, la photo défouraille. Bref ça pète quoi (Raaah ce plan où il pénètre dans l'ombre pour se défendre de ses assaillants, magnifique !).

Quand on commence à saisir les enjeux et le tenants de la quête de Eli, on se dit que quelque chose cloche un peu, mais on attend pour être sûr. Peut-être que les frères Hughes vont nous parler de l'utilisation de la Bible selon le détenteur pour contrôler les masses : la paix, le pouvoir, l'argent etc. Bref, un truc qui tuerait quoi. Las, ils abandonnent vite ce propos (et c'est fort dommage) pour se concentrer sur la quête d'Eli, qui se retrouve avec Mila Kunis à ses côtés. Bon Mila, t'es jolie. T'es même canon. Voire plus. Mais t'aurais du demander aux frangins de mieux réussir ton introduction auprès de Denzel Washington. Emprisonnée dans une grotte (comment en connaît-elle l'accès ?), libérée (comment ?), sauvée de cannibales violeurs (comment ?), elle décide de suivre Eli sans que l'on comprenne l'intérêt que peut-avoir une telle demoiselle (faut pas oublier qu'en bon croyant, il fait abstinence). Bref, toute cette partie est bancale et c'est bien dommage. Surtout que le côté "keep faith" commence à pointer le bout de son nez...

Et c'est là que débarque le grand final, incohérent quant à l'état de santé de Denzel Washington (pas qu'il survive ou qu'il meurt... mais qu'il fasse régulièrement les deux !) et dont le twist demande une suspension d'incrédulité un peu trop forte, surtout que le reste du film contredit parfois cet état. Les dernières images pourraient faire penser à un cours de catéchisme. Qu'en est-il vraiment ? Les frangins ont-ils voulu parler d'un Homme qui ne se fie qu'à un livre et qui donnerait sa vie pour lui ? Moui... ils s'égarent un peu en chemin et s'adonnent un peu trop au prosélytisme sans pour autant céder à la bondieuserie la plus totale. Le film se situe donc à mi-chemin même si certains éléments vont vraiment faire rager les athées (le discours final) : passe qu'un personnage principal soit ultra croyant ou que le réalisateur aime à manifester son amour pour la religion (Apocalypto) mais quand le dernier mot c'est "Keep faith", on a quelque chose en travers de la gorge.

Bref, visuellement ça déboite sa maman. Après, libre à chacun l'appréciation du côté religieux et le twist final. Ca m'a fait penser aux Fils de l'Homme (10/10 hein...) à certains moments, y compris avec la présence d'un plan séquence bien torché aux 2/3 du film. Dommage qu'il soit si gratuit. Et ya Ray Stevenson qui a perdu au moins 20 kilos

Youn a écrit:

Emprisonnée dans une grotte (comment en connaît-elle l'accès ?)

Sa mère se tape Carnegie. Enfin, techniquement, c'est plutôt l'inverse.

Youn a écrit:

libérée (comment ?)

Je suppose qu'elle est débrouillarde et que ce n'est pas un vulgaire loquet qui va la bloquer.

Youn a écrit:

sauvée de cannibales violeurs (comment ?)

Par Eli. Je pense que tu as du t'endormir, parce qu'à moins de consommer une dose massive de drogue, tu peux pas ne pas comprendre que c'est lui, sachant qu'il y a un plan violeur qui tombe/Eli qui tient son arc.

Youn a écrit:

elle décide de suivre Eli sans que l'on comprenne l'intérêt que peut-avoir une telle demoiselle (faut pas oublier qu'en bon croyant, il fait abstinence).

Parce que sa mère lui a demandé de le suivre, car il la protège. Elle l'a très bien compris et le personnage est tellement "badass", comme tu dis, qu'il exerce naturellement un pouvoir de fascination. Oh et puis Carnegie la transforme en prostituée, donc je suppose qu'elle préfère suivre Eli plutôt que de servir de défouloir à ceux qui passent. Et pour lui, je pense que ça soit une question d'abstinence, même si c'est sous-jacent ; c'est juste que lui est plus âgé et qu'il a parfaitement compris que Carnegie l'envoie dans sa chambre pour qu'elle couche avec lui.

Youn a écrit:

Et c'est là que débarque le grand final, incohérent quant à l'état de santé de Denzel Washington (pas qu'il survive ou qu'il meurt... mais qu'il fasse régulièrement les deux !) et dont le twist demande une suspension d'incrédulité un peu trop forte, surtout que le reste du film contredit parfois cet état. Les dernières images pourraient faire penser à un cours de catéchisme. Qu'en est-il vraiment ? Les frangins ont-ils voulu parler d'un Homme qui ne se fie qu'à un livre et qui donnerait sa vie pour lui ? Moui... ils s'égarent un peu en chemin et s'adonnent un peu trop au prosélytisme sans pour autant céder à la bondieuserie la plus totale. Le film se situe donc à mi-chemin même si certains éléments vont vraiment faire rager les athées (le discours final) : passe qu'un personnage principal soit ultra croyant ou que le réalisateur aime à manifester son amour pour la religion (Apocalypto) mais quand le dernier mot c'est "Keep faith", on a quelque chose en travers de la gorge.

Déjà, c'était obligé qu'Eli aille à la frontière de la vie et de la mort. Si tu mets en perspective, tu trouves normalement un passage relativement connu de la vie du Christ, dont Mel Gibson a tiré un film. Après il ne faut pas oublier que c'est un film américain, donc il faut absolument se replacer dans la logique protestante qui est celle des Etats-Unis. Evidemment, si tu débarques avec le point de vue européen (je vais pas dire nihiliste, tu vas me taper dessus ), ouais, ça gêne... C'est sûr que ça aurait pu être traité plus finement, mais fallait choisir entre le blockbuster qui doit frapper fort ou le film plus intimiste. Je suis d'accord, il aurait gagné à être plus fin mais bon, sa forme actuelle ma plaît déjà beaucoup, alors...

Youn a écrit:

- Personne ne peut l'atteindre si ça l'empêche de finir sa mission (le coup des balles...)
- un aveugle marche pendant 30 ans, tout seul, sans canne, en évitant les dangers (toussa à cause de la ptite voix)

Youn, t'es entrain de critiquer un film post-apocalyptique parce qu'il manque de cohérence. Je veux bien, mais pouet, moi je râle pas quand Max Rockatansky explose la gueule de tout ce qui bouge pendant 95 minutes comme s'il avait actionné un code d'invincibilité. Je veux dire, il y a une part de fiction qu'il faut accepter, ou alors tu peux plus regarder aucun film. Déjà, les balles ne sont pas détournées. Ça serait trop facile.
Prenons la scène quand il se barre de la ville. Ray Stevenson sort son pistolet, lui tire dessus et rate. C'est normal. Si tu as déjà pratiqué le tir, tu devrais savoir qu'il n'y a rien de moins précis qu'un pistolet passé une distance relativement courte, parce la longueur du canon fait qu'un tout petit mouvement détraque ton angle de tir de manière spectaculaire. Ensuite il lui retire dessus. La balle le touche, mais comme il est de dos, elle va dans son sac, c'est-à-dire là où il y a tout son matos, bien épais comme il faut. Après il passe en mode godlike (sans jeu de mot ), mais ça c'est parce qu'il est trop stylé