Le Lauréat (
The Graduate) est un film américain de 1967, réalisé par Mike Nichols et adapté du roman éponyme de Charles Webb.
Titre original : The Graduate
Réalisation : Mike Nichols
Scénario : Charles Webb (roman), Calder Willingham, Buck Henry
Musique : Simon & Garfunkel
Producteur : Lawrence Turman
Budget : 3.000.000 $
Durée : 105 min
Sortie en 1967
États-Unis
DistributionDustin Hoffman : Benjamin Braddock
Anne Bancroft : Mrs. Robinson
Katharine Ross : Elaine Robinson
William Daniels : Mr. Braddock
Murray Hamilton : Mr. Robinson
Elizabeth Wilson : Mrs. Braddock
SynopsisBenjamin est un jeune homme qui a fini ses études et est retourné chez ses parents en Californie où il prévoit de passer quelques vacances. Il arrive chez eux au moment d'une soirée et se sent seul. Ses parents l'invitent à descendre pour se mêler à la fête, mais préfère rester seul. Jusqu'au moment où une certaine Madame Robinson lui demande gentiment de la raccompagner chez elle. Benjamin accepte et la ramène chez elle dans sa nouvelle voiture. Mais le jeune lauréat se rend vite compte que la femme mariée flirte avec lui et le lui fait remarquer...
Aimer est-il sans frontières ?
Aimer peut-il être tabou ?
Aimer, est-ce un acte de foi, ou de passion ?
Peut-on aimer sur commande ?
Le sexe est-il un frein à une relation ?
Aimer la mère de la fille dont nos parents veulent nous faire tomber amoureux, est-ce que c'est mal ?
Les réponses (peut-être) dans ce chef d'œuvre d'un réalisateur inégal, plus à l'aise avec les mœurs des américains (ou des anglais) qu'avec des hommes-loups ou des martiens.
Un choc des générations, qui scandalisa à l'époque de sa sortie, par son sujet, alors qu'il évolue dans un classicisme absolu en matière de mise en scène, certes ultra travaillée, enchaînant les plans de coupe et les plans qui se répondent, mais avant tout très sage et pudique.
On peut raconter une histoire de sexe, qui émoustille, sans montrer l'objet du délit.
Pour cela, il suffit de s'entourer d'éléments qui vont faire la réussite du film : des comédiens formidables, taillés pour leur rôle.
Katharine Ross est excellente dans ce rôle de fille blessée, bafouée, humiliée, qui reprend goût à la vie dans un final en demie-teinte, qui flirte entre le happy end, et le désespoir le plus profond.
Ces sentiments contraires se lisent sur le visage d'une actrice sublime, mais néanmoins écrasée par les deux stars du film.
Dustin Hoffman tout d'abord.
Parfait dans ce rôle de jeune homme un peu gauche, autant à l'aise dans une combinaison de plongée, que sur la terre ferme, c'est à dire piétiant sur place.
Maladroit, tatillon, calculateur, et tout sauf impulsif, il fait des merveilles dans ce rôle qui lui va comme un gant, et qui est l'exact opposé de celui de Michael Dorsey / Dorothy Michaels qu'il interprètera dans
Tootsie 15 ans plus tard.
La meilleure, et la plus horrible pour la fin : Anne Bancroft, à la fois désirable et venimeuse, elle est impeccable dans le rôle de cette femme fatale, qui s'ennuie, et qui va trouver refuge entre les bras et les cuisses d'un jeune homme fraîchement diplômé (Hoffman, donc), pour mieux le manipuler, le faire danser comme une marionnette, et tenter de le détruire en le faisant passer pour ce qu'il n'est pas.
Mensonges, manipulations, malversations... Mais aussi beaucoup d'espoir, de rires, de larmes...
Le lauréat est un pur produit des années 70, de ce nouveau cinéma éclatant, porté par des réalisateurs qui ont voulu modifier les règles d'Hollywood.
Ces réalisateurs ont souvent été aidés par des acteurs formidables, et dans ce film, l'excellence de l'interprétation est l'atout principal d'une œuvre gentiment acide et légèrement dérangeante pour qui la découvre aujourd'hui.
Une véritable pépite.
9/10