Martyrs (Pascal Laugier - 2008)

C'est vrai quoi, de quoi parle Martyrs ? De la folie, et de la torture, dans les deux cas que de la confusion psychologique chez les personnages, qui à leur tour n'ont plus de raisonnement. Après, si on parle des histoires du labo en pleine maison, etc, je dirais que ça ferait partie des clichés, mais ça fait comme partie des thèmes étranges de Laugier. On le retrouvait déjà dans le magnifique Saint Ange (que je préfère d'ailleurs).

Mais ce n'est pas ce qu'on retient du film, loin de là. C'est la violence omniprésente. La première partie à beau être franchement ultra-cliché, la violence physique montrée à l'écran dérange déjà. Que ce soit avec la gentille famille (hi hi hi) ou avec la double personnalitée de Lucie. Et moi, pauvre âme sensible, le "monstre" psychologique - fausse bonne idée - me terrifiait, déjà. Je suis une petite nature, mais toute cette première partie à complètement marché sur moi, malgré l'impression de ne rien voir de nouveau dans tout ça, rien. Jusqu'à ce que l'on découvre la cave, et l'immonde chose qui s'y cache. Et la Laugier nous rappelle à l'ordre : c'est un humain, lui aussi. Et la, on est émus (moi du moins). Emus malgré l'horreur de son apparence, due à des volontées purement humaines. Emus jusqu'à ce qu'on en vient à détester Mademoiselle et ses sbires lorsqu'ils achèvent la pauvre femme d'une balle dans la tête. Tout ce qu'on a vu depuis le début, et jusqu'à la fin du film, ce n'est que de l'humain.

Thématique forte dans la deuxième partie (je ne l'ai pas dit dans me sposts, mais elles sont quand même évidentes). Cette deuxième partie aborde la violence de façon psychologique chez le spectateur, ou du moins chez moi. La torture que j'y ai vu n'est pas la même que celle de Le film préféré de mat380 ou Hostel. Dans ces films la, on y vient exprès pour voir des membres dépécés des peaux mutilés et cie... Pas dans Martyrs.
Ici, tu es obligé de regarder (sauf si tu quittes la salle, ce dont je n'avais pas envie). Obligé, non, mais en fait fasciné. Une fascination morbide pour ce qu'est une martyre, une vraie. (Je parle évidemment de son supplice, où elle se retrouve dans une forme que je n'aurais jamais imaginé voir dans ce film, pas des prémices avant qui s'éternisent incroyablement, mais en marquant bien le supplice qu'elle est en train de vivre, d'un point de vue physique déjà, et le fait qu'elle n'a d'autres choix que de se laisser aller ensuite). Et la peur revient d'un coup.

J'ai eu peur de Anna, de son visage "intact", de son oeil vide, du zoom final du film. Pourquoi ? Parce que Laugier à su faire une parfaite synesthesie avec le son et l'image. Dans cette deuxième partie, peu de musiques apparaissent (seul le gros pompage sur le thème des 28 Days/Weeks Later), juste des sons étranges et stressants qui marquent l'arrivée de la pauvre fille dans un état second. Et une reflexion apparut dès le début de cette "expérience" qui en vient à sa conclusion. Martyrs fait réflechir, malgré son mystère et sa violence jamais gratuite. Et c'est ce qui dérange les détracteurs. C'est en ça que Martyrs est réussi, très réussi : il parvient à créer chez le spectateur un vrai malaise, et ça, même ceux qui l'ont trouvé mauvais peuvent en témoigner. Car ce film au fond, c'est une vraie réflexion sur l'Humanité, entière.
C'était juste ce que voulait Laugier et sa personnalité (évidemment) torturée, et il a réussi. Quitte à faire plein de traumatisés.