Imaginez quelques secondes que vous êtes dans votre
voiture, bien tranquillement installé au volant, effectuant un périple
routier vers le sud
du
pays. Quand, tout à coup, un bolide énorme vous fonce dessus et n’a pas
l’air décidé à vous lâcher. Un cauchemar pourtant bien réel pour Adam
et son copain Harley, partis tous deux au mariage d’une camarade de
classe dont Adam est toujours amoureux et à laquelle il aimerait
déclarer sa flamme afin de faire capoter le mariage.
Les personnages principaux semblent tout droit sortis d’un
American pietant leurs manières de parler et de se comporter reflètent la candeur
puérile qui frappe les adolescents attendant patiemment l’apparition de
leurs premiers poils pubiens. Le tandem est à la hauteur des teen
movies : Adam est un jeune puceau, fermé sur lui-même qui ne supporte
pas les blagues salaces de son copain Harley, uniquement intéressé par
les croupes des filles de joie et par les beuveries qui n’en finissent
plus. Si le départ du film peut sembler assez ridicule tant les
comparses ne s’arrêtent pas une seule seconde de s’enguirlander comme
un vieux couple qui vient de passer le cap des cinquante ans de
mariage, on se laisse rapidement prendre au jeu et on constate assez
rapidement que l’œuvre ne souffre d’aucune prétention et se revendique
un côté self joke empli d’autodérision qui l’installe d’emblée dans la
catégorie des nanars sympathiques au lieu d’être propulsé dans les
séries Z sans charme. L’apogée de l’humour noir est atteint lorsque les
deux individus débarquent dans un bar peuplé de gens impotents et
d’amputés en tout genre. Le comble du mauvais goût est définitivement
atteint et el politiquement correct en prend un grand coup. Survient
alors l’élément perturbateur qui va amplifier cette dimension comique :
l’arrivée du monstre au volant de son gigantesque véhicule.
Dès lors, le métrage poursuit sa route sur les chapeaux
de roue et met les protagonistes aux prises de nombreux personnages et
les place dans des situations extrêmement délicates. Fidèle à leur rôle
de duo comique comportant son clown blanc et son auguste, Adam et
Harley réagissent différemment lors de chaque aventure, le premier
reprochant ses frasques au second, frasques qui amèneront leur lot
d’ennuis. C’est notamment le cas lorsque, découvrant le
monster truck
garé sans conducteur sur le parking, Harley prend l’initiative d’uriner
dans l’habitacle du camion. Dans le même temps, Adam aperçoit pour la
première fois le visage de celui qui les a poursuivis et s’enfuit en
toute hâte avant d’apprendre la nouvelle exagération de son compagnon.
Quittant quelque peu cette dimension absurde, le film
entre dans une nouvelle ère dès l’apparition de Sarah, magnifique
auto-stoppeuse qui va changer la donne au sein du groupe de copains.
Malgré les avances pompeuses d’Harley, cette dernière semble lui
préférer Adam, le puceau au cœur pris par une fille inatteignable. A la
franche comédie vient se greffer une dimension romantique assez
particulière. Avant que le film ne prenne un virage ultime très
impressionnant, aboutissant au véritable film d’horreur avec ce qu’il
faut de gore et de sang pour exciter les fanas des tortures les plus
diverses. Le réalisateur Michael Davis (créateur de
Shoot ’Em Up)
prendra lors le pari osé d’utiliser tous les poncifs du genre pour les
détourner fièrement et transformer cette partie horrifique en une
partie réjouissante où chacun pourra prendre son pied (que ce soit par
l’intermédiaire des dialogues grotesques, des créatures monstrueuses ou
des effusions de sang). Avant de clôturer le tout par une scène dans le
ton du reste du métrage : tiré par les cheveux jusqu’à être atteint de
calvitie…
Néanmoins,
de bout en bout de son évolution, le film souffre d’un défaut majeur :
une désorganisation totale. Un véritable bordel scénaristique où se
mélangent les genres, les situations, les personnages. Tout
s’entrecroise sans aucune logique et aucun semblant de cohérence à
l’horizon. Considéré par quelques-uns comme une mascarade, il faut
avouer que
Monster mantente tant bien que mal de dissimuler son manque de structure derrière
un lot de gags désopilants. Autre défaut que l’on peut imputer à
l’œuvre : le manque de dosage dans sa dimension grotesque qui va
certainement en rebuter plus d’un. A titre de prévention :
munissez-vous de votre second voire troisième degré, vous en aurez
certainement besoin…
Monster man, à défaut d’être
réellement excellent, peut au moins se targuer de ne pas se prendre au
sérieux et dénote avec ces films de série Z rapidement enfouis sous
l’apparence sérieuse qu’ils aimeraient se donner. C’est bourré
d’humour, c’est rempli de bonnes idées et ça vaut la peine d’être vu…