The Tree of Life (Terrence Malick - 2011)

Bibifoc a écrit:

et qu'on est arrivés troisième au blind test, et qu'on fera mieux la prochaine fois.

s'tout ?

Les gens sont nazes.

Visuellement sublime, c'est touchant, émouvant, simple et à la fois incroyablement virtuose.
Ça flatte les rétines et le gros "Trip" à la fin du premier tiers est absolument magistral.
Frak, des planètes, des scènes spatiales, des dinosaures . Encoorrree, encorreee !!!

Par contre, c'est popotin béni à mort et j'ai trouvé le fond à gerber copieusement .
"Les desseins de Dieu sont impénétrables" et "Dieu est toute chose, même les feuilles et le ciel et les dinosaures et le enfants qui jouent, t'as vu...", frak, c'est bon, on a compris .
M'enfin, c'était bien quand même, mais, hormis le trip dont je parlais plus haut, ça ne m'a pas franchement transcendé la gueule quoi, loin de là... .

Je ne pense pas que Tree of Life soit popotin-béni. Malick ne t'assène jamais sa vérité en disant que c'est celle qui faut suivre. Il nous montre ce en quoi lui croit. Et les "Les desseins de Dieu sont impénétrables" et "Dieu est toute chose, même les feuilles et le ciel et les dinosaures et le enfants qui jouent, t'as vu..." sont à mon avis une erreur d'interprétation. C'est quoi Tree of life ? C'est l'histoire d'un personnage qui perd son gosse et qui s'en remet à Dieu en demandant "Pourquoi ?". Malick répond à ce pourquoi en lui disant "Ta question n'a pas de sens, cela a toujours été comme ça". En tout cas, c'est ainsi que je l'ai perçu.

Mighty-Forest a écrit:

Frak, des planètes, des scènes spatiales, des dinosaures . Encoorrree, encorreee !!!

Par contre, c'est popotin béni à mort et j'ai trouvé le fond à gerber copieusement .

Un poil contradictoire non ?

J'ai pas trouvé ça popotin-béni, pour la simple et bonne raison que Malick ne fait pas une leçon de catéchisme, mais un truc mystique comme seuls les Américains savent en pondre

Youn a écrit:

C'est quoi Tree of life ? C'est l'histoire d'un personnage qui perd son gosse et qui s'en remet à Dieu en demandant "Pourquoi ?". Malick répond à ce pourquoi en lui disant "Ta question n'a pas de sens, cela a toujours été comme ça". En tout cas, c'est ainsi que je l'ai perçu.

Je n'ai pas du tout vu le film comme ça.
Pour moi, sans véritable recul vu que je l'ai regardé dans l’après-midi et n'ai pas encore pu véritablement "digérer" le truc, The Tree of Life montre une famille frappée par divers malheurs, sans que ceux-ci ne leur fassent jamais remettre en question leur foi.
Le film est d'ailleurs introduit par une citation du Livre de Job, ce qui est, je pense, assez significatif.

Youn a écrit:

Mighty-Forest a écrit:

Frak, des planètes, des scènes spatiales, des dinosaures . Encoorrree, encorreee !!!

Par contre, c'est popotin béni à mort et j'ai trouvé le fond à gerber copieusement .

Un poil contradictoire non ?

Le "à gerber copieusement" est sans doute un peu too-much, mais je fais mon athée intégriste sur le coup .

Vu comment j'ai vu le film, chaque séquence nous montrant l'univers, l'apparition de la vie ou les dinosaures, ne sert pas à montrer que "cela a toujours été comme ça" mais à nous présenter Son oeuvre. Dieu est en toute chose et est à l'origine de tout.
Et ce n'est pas contradictoire puisque toute personne religieuse n'est pas forcément créationniste (fort heureusement d'ailleurs !).

Je trollais un peu pour la fin hein

Citation :

Le film est d'ailleurs introduit par une citation du Livre de Job, ce qui est, je pense, assez significatif.

Tiens donc (Private joke inside)

Sinon, je suis d'accord avec Faddman. Tree of life, c'est le film d'un gars qu'il nous raconte ce en quoi il croit, sans nous obliger à le suivre. Si tu regardes ses autres films, tu y verras d'autres éléments mystico-religieux. Surtout dans Les moissons du ciel (Days of Heaven).

Oui, j'y ai pensé aussi

Dans l'ensemble je suis d'accord avec vous, hein, Malick ne m'a jamais braqué un flingue sur la tempe en me disant "GET ON YOUR KNEES AND PRAY, YOU FRAKING MORON !", je suis tout simplement resté assez hermétique à certains éléments de son film, même si j'admet bien volontiers avoir été touché par les personnages et m'être mangé du sense of wonder en pleine face avec le trip space & dino ().
Et puis, visuellement, c'est vachement beau.

Pour en revenir à Job (), j'ai regardé un peu la page Wikipédia lui étant consacré, et on retrouve des éléments du film (attentions aux spoilers pour ceux qui ne l'ont pas vu ):

Citation :

Ses fils faisaient des réjouissances pour chacun, et lorsqu'ils avaient fait le tour des jours de festins, Job les purifiait et offrait des offrandes en holocauste au cas où l'un d'eux aurait fauté envers Dieu, sans le vouloir ou en secret. Lui-même avait en horreur l'injustice, l'idolâtrie, la tricherie et l'adultère, n'avait pas de mauvaises pensées, était généreux envers le pauvre, la veuve et l'orphelin, l'aveugle et le boiteux.

L'horreur de l'injustice, de la tricherie et du mensonge reviennent très souvent dans le film. Injustice face à la mort (le garçon noyé, la famille touché par un incendie, le sermon dans l'église...), les enfants finissent par définir leur père comme un menteur...
La mère est généreuse envers des personnes embraquées par la police et le boiteux apparaît également lors d'un passage du film.

Citation :

Réponse de Dieu à Job
Après plusieurs cycles d'échanges entre Job et ses amis, la voix de Dieu, sortant d'un « nuage » ou d'une « tempête » décrit, en termes évocateurs et lyriques, ce qu'est l'expérience d'être responsable du monde tel qu'il est, et demande si Job a jamais eu ces expériences que Lui, Dieu, a eues.
La réponse de Dieu souligne que Job partage le monde avec de nombreuses créatures puissantes et remarquables, chacune ayant sa vie et ses besoins, auxquels Dieu doit pourvoir, et la faim des jeunes ne peut être calmée qu'en prenant la vie d'autres. Job a-t-il jamais la moindre expérience du monde dans lequel il vit ? Comprend-il ce que signifie être responsable d'un tel monde ? Job admet qu'il ne le comprend pas, et demande à Dieu de lui pardonner.

Et voilà pour les images de nature, d'espace, de créatures et de dinosaures.

Citation :

Au paroxysme du Livre, Dieu répond à Job non par une réponse mais par une question : où était-il, lui, Job lorsque Lui, Dieu créa le monde ?
Cette réponse même peut être interprétée de diverses façons : on peut y lire une humiliation de Job, mais Job est, paradoxalement, réconforté par celle-ci, et par le fait qu'il a vu Dieu et n'est pas mort, suggérant que l'auteur du Livre semblait plus inquiet de savoir si Dieu est, ou non, présent dans la vie des gens que de la question de Sa justice. Le chapitre 28 rejette tout effort de comprendre les voies divines.

"Les desseins du Seigneurs sont impénétrables !"

Très intéressant

J'avais pas aimé (et dormi) la première fois.
J'ai bien aimé la deuxième fois.

Je suis allé le revoir au cinéma hier soir, la Filmothèque proposant une rétrospective Malick.

Ca m'a fait l'exact même effet que la première fois. Un film limpide sur la nécessité de chacun de prendre conscience qu'il fait partie d'un monde parfait, ainsi que d'avoir une confiance inébranlable en Dieu et un amour absolu pour la création. Car c'est par cette confiance et cet amour que nous nous retrouvons tous, débusquant derrière la dure réalité l'existence du paradis terrestre.

Le film résonne beaucoup chez moi et je me demande si ceux qui y sont restés hermétiques ne sont pas ceux qui n'ont pas pu réellement établir de connexion. Apparemment, peu de personnes étaient dans ce cas hier soir, à en juger par l'énorme silence lors du générique. Cette salle, si prompte aux discussions 2h30 avant, se retrouvait soudain plongée dans le silence introspectif. C'était magnifique. Et on sentait en plus de ça que chacun avait envie de prendre son voisin dans les bras.

Très, très grand film. Peut-être même le plus beau que j'ai pu voir à ce jour. Chapeau Terrence !

Citation :

Un film limpide sur la nécessité de chacun de prendre conscience qu'il fait partie d'un monde parfait, ainsi que d'avoir une confiance inébranlable en Dieu et un amour absolu pour la création. Car c'est par cette confiance et cet amour que nous nous retrouvons tous, débusquant derrière la dure réalité l'existence du paradis terrestre.

Je l'ai absolument pas vu comme ça ! A la fin du film, c'est comme si j'avais posé toutes sortes de questions et qu'une force (laquelle ?) m'avait pris par les épaules et dit "tes questions n'ont pas de sens à mon échelle".

Youn a écrit:

Citation :

Un film limpide sur la nécessité de chacun de prendre conscience qu'il fait partie d'un monde parfait, ainsi que d'avoir une confiance inébranlable en Dieu et un amour absolu pour la création. Car c'est par cette confiance et cet amour que nous nous retrouvons tous, débusquant derrière la dure réalité l'existence du paradis terrestre.

Je l'ai absolument pas vu comme ça ! A la fin du film, c'est comme si j'avais posé toutes sortes de questions et qu'une force (laquelle ?) m'avait pris par les épaules et dit "tes questions n'ont pas de sens à mon échelle".

Oui en effet merci de me reprendre car je n'ai pas été assez clair. Je pense qu'on est d'accord sur le fait que, pendant tout le film, on a d'un côté Jessica Chastain qui n'accepte pas la mort de son fils (d'autant plus que ce n'est pas le "vilain petit canard" qui est parti, mais bien celui qui était le plus doux, ce qui est absurde pour nous spectateur) ; et, de l'autre, Sean Penn qui continue de chercher Dieu, depuis qu'il a perdu (je dirais plutôt refoulé d'ailleurs) sa foi face aux injustices que commettaient son père, à l'apparente préférence de sa mère pour son frère.

A la fin, les deux retrouvent la paix par une même logique. Parce que Dieu et sa création nous dépassent, nous ne sommes pas, de fait, capables de remettre ses décisions en question. D'où la répétition des répliques de Chastain qui explique que la grâce est partout et qu'elle "confie" son fils ; et Penn qui comprend lui aussi la même chose que sa mère, quittant le building (d'ailleurs il est intéressant de noter qu'il était au dernier étage, dieu de sa propre vie, avant de redécouvrir la foi et donc, l'humilité, pour ainsi redescendre sur Terre, littéralement [bon c'est peut-être un peu tiré par les cheveux mais c'est comme ça que je le vois]). Et retrouvant l'humanité et se réconciliant (à distance) avec ses parents.

Le film prouve, à mes yeux, la futilité des histoires humaines. Dans ce sens, je comprends d'ailleurs mieux A la merveille, qui rejoint ce point de vue. Brad Pitt ne se rend compte que trop tard qu'en voulant trop éduquer ses fils, il a oublié de les aimer. Ou, s'il les aimait, de le leur montrer clairement (à l'inverse de Chastain, qui adopte une posture virginale tout le film). C'est pour cela que Penn rejoint tout le monde sur la plage : car il a remis l'amour au premier plan, il a reconnu que sa mère ne préférait aucun de ses garçons, il a balayé la jalousie qu'il avait pour son frère et a enfin compris que son père avait essayé d'éduquer ses fils pour qu'ils réussissent dans la vie. J'ai beaucoup lu que Malick avait voulu représenter le paradis (même Faddgirl pense ça, ce fut un gros sujet de débat avant-hier ). Je ne pense pas que ce soit le cas, je pense qu'il s'agit juste une métaphore de l'humanité sous le prisme de l'amour divin.