Toy Story 3 (Lee Unkrich - 2010) [Pixar]

La Grande Évasion.

Avant même de parler de maturité, le film est déjà largement plus sombre que les précédents.
Je fus traumatisé par les jouets de Sid - qui fait plusieurs caméos dans le film dans son camion poubelle ! - en 96, ben Fraking, je pense aux gamins qui ont pleurés en voyant la gueule du Singe et du bébé, carrément malsains.
J'en ai vu et entendu des gamins sauter et crier lors du combat contre le singe.
Bon, et une amie aussi...

Dans ses thématiques, dans sa mise en scène, le film ne cesse de surprendre entre des scènes de bonheurs ultimes, comme avec l'hommage évident à La Grande Evasion (Marty va surkiffer ! ). Mais le gros point de fort du film, et je m'en doutais suite a vos commentaires, c'est cette Fraking de scène de la décharge.

En plus d'être une grosse référence à Terminator 2 (pour ceux qui ont la B.O, réécoutez pour voir The Claw !), Pixar ose quelque chose que l'on n'avait jamais vu dans un film d'animation auparavant.
Une scène qui ne choque pas encore les jeunes enfants mais qui a sans doute perturbé nos esprits déjà plus construits. pouet, des personnages principaux qui s'abandonnent a leur mort inévitable, avec une telle force. On reste bouche bée et silencieux, mal à l'aise... pouet, c'est que des jouets pourtant...
Je cite mes voisins de rang, la fille de 4 ans et sa mère d'une trentaine d'années : "-Maman, ils font quoi là ?" -"Euuuh..."

Si les choses finissent évidemment par bien s'arranger, ce petit coup porté a notre cœur n'est rien face au coup final.
Pixar a bien compris une chose : si l'enfant vieillit toujours, le jouet lui ne vieillit jamais.
Et c'est dans cette scène de fin extraordinaire que Andy, le jeune qui avait à peu près le même âge que moi dans le premier film, et ce même dans ce troisième opus, donne ses jouets à une jeune fille. On le regarde lui les présenter, ces fidèles compagnons depuis 1995 déjà, jouer avec une dernière fois... On a un gros sourire sur les lèvres, sourire de joie, mais derrière nos lunettes, on pleure. Même en écrivant ça, j'ai une larme qui coule...

C'est ainsi que s'achève Toy Story, la saga, et pourtant, on est ravis. Ravis car au fond, c'est un peu comme si nous donnions ces jouets en même temps que Andy, et qu'on sait qu'ils seront en sécurité pendant encore quelques années.

la scène de la décharge est génialissime et aussi elle oriente la suite. Pour moi, les jouets font face à la mort en acceptant leur destin. Et c'est par la suite en partie ce qui amène Woody a finalement décider de lacher Andy et rejoindre les autres jouets et combler un autre enfant. Deux grandes leçons donc : d'abord l'Amitié plus que tout, puis l'acceptation de ce que l'on est, une certaine forme de sérénité.

Et sinon je pense que les gars de chez Pixar se retiennent d'être encore plus sombres. Notamment quand les anciens joués, depuis disparus, sont mentionnés (la face de Woody pensant à Bergère redevenant vite moins soucieuse)

Oui, et dès le début du film, en nous annonçant la vente (ou la casse, imaginons ?) de Bergère (ce court passage est très fort, quand même !), Siffly et autres, Pixar nous envoie déjà un choc dans la gueule.
"Andy a grandi, mais des jouets sont partis. Ils ont du vivre avec, à vous le public de vous y faire !"

avec l'infâme Docteur Cotes de Porc. Gamin, j'avais inventé une divinité porcine qui protégéait mes autres jouets.