Tenet (Christopher Nolan - 2020)

Il lait par moment. A d'autre, il brie(ye)

Il parait que c'est viscéral et mental comme film...

J'ai mis quelques secondes à me souvenir du thème de la discussion et je ne savais pas si tu étais sérieux

Un Nolan mineur, qui a la forme mais est un peu léger sur le fond (logique, c'est mineur )

Comme l'a très justement souligné Youn, on est en face d'une excroissance d'Inception, qui me fait penser à ces albums que sortent parfois certains groupes de musiques, composés de morceaux n'ayant pas été retenus pour l'album précédent.

La première heure fut particulièrement éprouvante, pour la simple et bonne raison que le film est (volontairement) incompréhensible. Seulement, pour malgré tout préparer le déclic narratif et principale attraction du film, Nolan croit bon nous infliger une avalanche de scénettes explicatives, sombrant parfois le meta-discours à la manière d'un Looper (même discussion sur le fait qu'il ne faut "pas chercher à comprendre les paradoxes", énorme ficelle). C'est assez insupportable...

Mais, comme d'hab avec Nolan, on se fait vite emporter par les images, d'autant que Tenet est un pur film de cinéma. J'en discutais en sortant de la salle : l'écrasante majorité des films peuvent être adaptés au théâtre. Même un Fast & Furious, théoriquement, pourrait faire l'objet d'une adaptation sur les planches. Or Tenet : c'est rigoureusement impossible, à cause justement de la principale idée visuelle du film, qui vaut à elle seul le déplacement. J'étais parfois comme un enfant devant l'écran, les yeux grands ouverts... Ca fait du bien ! D'autant que les scènes d'action sont très lisibles (ce qui est un tour de force pour la dernière partie...). Le film me conforte dans ma volonté de ne plus regarder de bandes-annonces, afin de garder intacte la surprise.

Côté acteurs, rien de transcendant. Un Brannagh qui fait le minimum syndical (d'autant que je venais de le voir juste avant dans l'excellent Beaucoup de bruit pour rien qu'il réalise), pas aidé par un personnage assez plat ; une Elizabeth Debicki magnifique mais d'une froideur idoine () ; restent les excellents John David Washington et Robert Pattinson, qui forment un duo assez beau.

Le film provoque donc chez moi des réactions contrastées, mais je me suis suffisamment amusé pour chaudement le recommander sur grand écran

7/10

A chaud comme ça je serais incapable de dire si j'ai trouvé ça moyen ou si j'ai beaucoup aimé

J'aime bien le cinéma de Nolan en règle générale sans pour autant verser dans le fanatisme aveugle, et force est de constater que Tenet rempli de A à Z le cahier des charges du réalisateur. On y retrouve son style, ses tics, ses manies et ses petits travers (de montage notamment). La comparaison faite avec Inception semble également évidente en effet, les deux partagent le même schéma, la même envie d'un concept de SF comme postulat de départ et le même final en mode orgie pour fétichistes de paintball dans la propriété de tonton Jean-Marc.
Dans l'absolu j'ai été pris dans le truc, le film affiche une cadence si soutenue que les 2h30 passent comme une lettre à la poste. Montage au cordeau, dialogues et échanges de punchlines incessants, rebondissements en pagaille, le Monde de Tenet n'est pas que speed, il devrait carrément surveiller sa fréquence cardiaque, à l'image de l'antagoniste   . Film d'action, film de SF, thriller d'espionnage, Nolan jongle entre les genres et danse sur quatre ou cinq pieds sans arrêt (cet alien). Et ça fonctionne, pour peu qu'on écoute ce que nous dit Clémence Poesy, qu'on ressent le film avant de chercher à en disséquer chaque élément (au risque de très vite en déceler toutes les limites), la tambouille prend, comme une sorte de petit miracle un peu inespéré (car oui au début on se dit assez vite "oh bordel je vais rien capter"). Porté par un casting quatre étoiles (John David Washington pue tellement la classe, j'espère qu'on verra sa barbe de daron en 2021), alignant des personnages charismatiques, sentencieux, poseurs (et on aime ça soyons honnêtes) qu'une excellente lumière se charge de sublimer, Tenet dispose de plus d'une corde à son arc.

Même l'élément fantastique est au final plutôt simple à appréhender. Peut-être parce que le réalisateur a la manie de nous le rappeler un poil trop souvent, certes. Peut-être aussi parce qu'il reste assez terre à terre et ne s'encombre d'aucune fioriture. Et c'est dans cet aspect là que j'ai un peu plus de mal avec le film. Le projet est beau, intriguant et bien emballé mais aussi terriblement froid et clinique, les personnages ont parfois des airs de machines à ne pas réagir comme des humains normaux (Pourquoi tous les personnages acceptent aussi facilement et aussi rapidement l'idée que ce concept d'inversion puisse exister?). Il manque un soupçon d'humanité dans tout ça, un soupçon de folie, d'inattendu, que la machine s'enraye un peu. En cela, la comparaison avec Inception ne pourra plus se faire, et c'est vers ce dernier qu'ira ma préférence. Mais Tenet se défend pas mal. 7/10  

J'ai passé un moment agréable mais je n'ai absolument rien ressenti, comme très très souvent avec Nolan quoi

Il parait qu'il y a des gens qui chialent quand ils voient la fin, je n'en avais strictement rien à branler