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 Les Wachowskis

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Nadsat
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MessageSujet: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 11:45

Petit retour sur la carrière des Wachowskis, dont je viens juste de me refaire leur filmographie en (quasi) entier (en excluant Jupiter ascending, qui ne trouve pas son chemin dans les salles proches de chez moi, et Bound, que je n'ai toujours pas vu... oui je sais...).

Toujours intéressants, toujours singuliers, ils sont plutôt uniques dans le paysage Hollywoodien actuel. D'ailleurs, ils, frères ou sœurs, on s'en fiche. J’exècre chaque article, chaque pige, qui ne peut s’empêcher de souligner ce que l'on savait depuis, grosso modo, la sortie de Matrix reloaded, comme si c'était là une news toute fraîche. Il faut en revanche avouer que du strict point de vue de l'analyse cinématographique de l’œuvre, cette information met en relief et sous un jour nouveau pas mal d'éléments contenus dans les films sur lequel l'ainé du duo semble avoir l'ascendant.

Même si cette volonté farouche de faire exactement ce qu'ils veulent, quitte à s'aliéner studios et public, risque aussi de les empêcher de prétendre à diriger une quelconque autre grosse production pour un bon moment, les Wachos nous auront déjà offert de sacré bons films, malins, bourrés de qualités (même si les Wachos ce sont aussi des films parfois imparfaits... des scènes qui piétinent largement la triple frontière entre le génial, le décalé et le totalement ridicule). Insérer des passages et des références philosophiques entre deux grosses scènes de pétarade, faire un film pour gosses dépassant de loin la durée normalement admise pour ce genre d'exercice, repenser totalement la manière de monter un film, laissant sur le carreaux 90% des spectateurs, adapter un bouquin réputé inadaptable sans la moindre concession d'ordre scénaristique... quand même, ça force le respect, même si, encore une fois, cette forme d’intégrité totale un poil naïve risque de leur coûter cher.


Matrix : 15 ans (!!!!!) après sa sortie, Matrix n'a toujours pas perdu de sa superbe. Le film (vraiment) visionnaire des Wachos reste le monument de sf qu'il fut au moment où il déferla en salles, balayant les mauvais souvenirs d'une Menace fantôme de sinistre mémoire sortie la même année. Diablement intelligent, superbement construit et découpé, le film regorge d'images jamais vues avant et qui depuis furent souvent imitées, et rarement égalées. En plus de devenir immédiatement culte, on nous annonçait deux suites dans la foulée de son succès inattendu. Joie.

Matrix reloaded : Œuvre plus difficile d'accès, Matrix reloaded est très différent de son grand frère. Ici, les Wachos lâchent la bride, au risque de perdre pas mal de spectateurs. Si l'on peut reprocher au film quelques écarts et choix difficilement défendables (cette frak d'orgie/danse/gros n'imp, Zion, inintéressant et peu attachant, une romance Néo/Trinity totalement impalpable, une direction d'acteurs à la rue, Lambert Wilson et le passage assez WTFesque du restaurant), le film est tellement osé dans ses propos (une remise en question totale de son sujet) et dans sa forme (quelles scènes d'actions...) qu'il emporte aisément l'adhésion. Le final plein de promesses et de révélations fracassantes laissait entrevoir une conclusion épique et délirante à la hauteur de l’œuvre.

Matrix revolution : Même avec plus de 10 ans de recul, Matrix revolution reste une terrible douche froide. Il paraît rétrospectivement incroyable que les deux suites furent tournées et pensées en même temps tant elles sont éloignées du point de vue qualitatif et de la richesse de son contenu. Peu intéressante, cette conclusion frileuse répond (partiellement) aux interrogations soulevées dans Reloaded par des pirouettes scénaristiques d'une platitude consternante. Le jeu des acteurs, toujours aussi monolithique (sans doute une volonté expresse des réalisateurs) augmente encore ce sentiment de froideur, un jeu qui n'a d’égal que le cabotinage totalement outrancier d'un Hugo Weawing en roue libre. Au final, l'émotion est tout simplement absente d'une conclusion se voulant épique et désespérée. Jamais on ne ressent l'imminence du danger ou l'arrivée d'un combat perdu d'avance. Les morts successives des héros sont accueillies dans l'indifférence presque totale. Et que dire de l'écriture des dialogues... On est parfois aux portes du nanar. Que ce soit par de subites invectives vulgaires jusqu'alors quasi-absentes de la série (ça fuse de "pouet", de "c'est un vrai popotin de vache" et autres joyeusetés) et autres répliques ridicules (le fameux "j'ai mis 10 minutes à mettre une botte" ou "tu ne peux pas mourir" "si, je peux"), ou de scènes involontairement comiques (la séquence Pac-Man...) le film frise le ridicule de par de nombreuses scènes pour arriver à un final extrêmement décevant. Après toutes les théories échafaudées par les fans sur le net entre la sortie des deux épisodes, les Wachos nous on servis l'une des moins intéressantes de toutes... Fort heureusement, il reste des choses à sauver, à commencer par les scènes d'actions, toujours aussi incroyables, bien que sans doutes moins révolutionnaires (un comble). Malgré tout, Revolution reste une immense déception, et un rendez-vous raté.

Speed racer : A l'époque j'avais lu une interview de Lambert Wilson qui affirmait que l’accueil catastrophique réservé à Matrix Revolutions avait décidé les frères à ne plus jamais réaliser de films et se contenter de produire. Il leur aura effectivement fallu quelques années pour se remettre en selle et revenir avec ce Speed racer. Sur le papier, le film était risqué, sur l'écran la réussite est (presque) totale du point de vue artistique. Sur la base d'un scénario simple mais bien écrit (quoi que pas très adapté pour son cœur de cible, les enfants), le film déploie surtout une maestria technique époustouflante et un style avant-gardiste au niveau du rythme et du montage. Aussi plein de cœur que les suites de Matrix étaient froides et désincarnées, le film se paye même le luxe d'être émouvant, jusque dans un final détonnant où l'émotion le dispute avec le spectacle. Un vrai film de geek, sans doute pas adapté à son public et trop en avance sur son temps (ce qui est aussi grave, commercialement parlant, que d'être en retard) qui connut un spectaculaire échec en salles. Pas mérité, mais prévisible.

Cloud atlas : Ce qui est peut-être bien le meilleur film des Wachowskis est en réalité un film des Wachowskis et de Tom Tykwer. On a en effet trop souvent tendance à oublier la participation (très importante, voir même capitale) du réalisateur allemand à l’œuvre tant on y retrouve sa sensibilité et son sens de la direction artistique. Pourtant, les six partie en une présentées ici (trois pour les Wachos, trois pour Tykwer) s'accordent parfaitement. L’œuvre la plus sensible du duo. On y retrouve tous les thèmes qui leur sont cher (lutte contre l'oppression, se chercher soi-même, etc...). Plus gros film indépendant depuis Apocalypse now (si on ne compte pas la prélogie Star Wars), Cloud Atlas est un échec commercial de plus pour le duo. Absolument pas mérité tant l'entreprise est à la fois osée et courageuse. Mê"me s'il souffre de quelques scories (une DA défaillantes dans de rares moment, surtout pour les maquillages) le film n'a pas obtenu la reconnaissance méritée. Après celui de Speed racer, et celui, plus nuancé mais bien réel des suites de Matrix (WB s'attendait à un succès à la Star Wars pour reloaded tandis que Revolution n'est même pas arrivé aux score du premier opus...) ça commence à faire beaucoup.

Le nouvel échec presque total, quelle que soit sa qualité réelle, de Jupiter ascending (critiques désastreuses, box-office minable) ne font qu'enfoncer le clou. Lucides, les Wachos se tournent déjà vers la TV. Sans doute les reverrons-nous pour des films plus modestes à l'avenir. Mais il faut bien se faire une raison, en tout cas pour les temps à venir, Wachos et les grosses productions, c'est sans doute terminé... Et c'est triste.


Dernière édition par Nadsat le Mer 18 Fév 2015 - 23:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 13:20

Ce qui m'impressionne chez les Wachowski, c'est que chacun de leurs films semble immédiatement identifiable, de Bound jusqu'à Jupiter.
Chaque film traite des mêmes thématiques et valeurs chères aux deux auteurs (la place de la famille en tant qu'être humain, la confrontation face au mensonge, etc...), à un point où même une interview sortie en 1996 résonne encore aujourd'hui avec les intentions du duo, ainsi qu'avec la vie privée de Lana.


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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 18:28

Citation :
balayant les mauvais souvenirs d'une Menace fantôme de sinistre mémoire sortie la même année
Ce serait intéressant de penser que les spectateurs avaient inconsciemment besoin de laver leur esprit. Mais il ne faut pas non plus oublier que Matrix est sorti avant SW1 et que les critiques à l'encontre de Lucas sont venues à partir de 2006.

Citation :
cette frak d'orgie/danse/gros n'imp
C'est dingue que cette scène soit toujours vilipendée. Dans le un on t'explique que certaines personnes sont prêts à tout pour défendre la matrice, qu'il ne font pas de différence et qu'un steak reste un steak, même illusoire. Dans le deux on a une population libérée grandissante qui a besoin de ressentir un vrai steak, de revenir à leur état humain basique. Et que retrouve-t-on dans chaque culture qui soit commun à l'Homme ? Ouaip, la danse. C'est pas une scène "n'imp" comme tu dis, c'est une scène où l'homme retrouve ce qui fait de lui un homme et danse, envoyant un message aux machines insensibles (colorimétrie grise et bleutée froide), dans un lieu rassurant (colorimétrie chaude). Et Morpheus le dit texto..
Sans compter qu'en même temps, t'as une scène de sexe...

Citation :
une direction d'acteurs à la rue
ça tombe bien, puisqu'ils sont tous des programmes informatiques et doivent agir comme tel. Je suspecte vraiment les Wacho d'avoir choisi des acteurs un peu monolithiques ou de leur avoir demandé de jouer comme tel pour une raison...

Citation :
Lambert Wilson et le passage assez WTFesque du restaurant
Tu veux dire le passage plein de sens où Néo va en enfer ("Club Hell") voir un roi et sa femme pour libérer un archétype qui doit remplir une fonction et que ce roi, en voulant agir contre Néo, discute Théorie du Chaos ?

Citation :
Le jeu des acteurs, toujours aussi monolithique (sans doute une volonté expresse des réalisateurs)
Tiens donc ^^

Citation :
cette conclusion frileuse répond (partiellement) aux interrogations soulevées dans Reloaded par des pirouettes scénaristiques d'une platitude consternante
Pourquoi frileuse ? Et quelles pirouettes ?

Citation :
un jeu qui n'a d’égal que le cabotinage totalement outrancier d'un Hugo Weawing en roue libre.
Outre le fait que je suspecte les Wacho de réellement aimer le cabotinage, ça a du sens de le laisser, comme tu dis, en roue libre. C'est un programme qui s'est libéré, le seul électron par rapport à tous les autres personnages qui sont TOUS (et je me rappelle très clairement à 12 ans m'être posé cette question en voyant le film au cinéma !) des programmes informatiques.

Citation :
"j'ai mis 10 minutes à mettre une botte
oui bon...

Citation :
la séquence Pac-Man...
:scratch:

Citation :
pour arriver à un final extrêmement décevant. Après toutes les théories échafaudées par les fans sur le net entre la sortie des deux épisodes, les Wachos nous on servis l'une des moins intéressantes de toutes..
Comme à chaque oeuvre pleine de sens cachés, et d'interprétation, la voie choisie est la logique. Et cette voie ne fait que décevoir. Toute autre fin aurait été incohérente. Cf Battlestar Galactica.

Citation :
On a en effet trop souvent tendance à oublier la participation (très importante, voir même capitale) du réalisateur allemand à l’œuvre tant on y retrouve sa sensibilité et son sens de la direction artistique
Tout à fait et l'anecdote de la bande-son est révélatrice.
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 18:45

MM à propos de ton lien :

"Andy: Not really. We did a screenplay of a comic book that we really like for Warner Brothers called V for Vendetta. Alan Moore wrote this comic book at the beginning of his career which we like a lot about anarchy and totalitarian England. It's pretty cool."

"Gadfly: Listen, we think you made a great film and when you're rich and famous in about five years..."

:shock:
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 21:30

J'ai la grosse flemme de multi-quoter, alors dans l'ordre ^^ :

- La Lucas/prélo bashing a commencé bien avant 2006, même s'il a pris une ampleur de plus en plus grande. La menace fantôme était déjà considérée comme une impardonnable purge par beaucoup de fans, même si d'autres avançaient l'argument malhonnête "attends, c'est une trilogie, il installe l'intrigue c'est normal". Matrix est certes sorti avant, mais beaucoup l'avait loupé en salles. Sa réput s'est beaucoup faite en DVD, et je me souviens très bien qu'à cette époque il était courant d'entendre que Matrix était le renouveau et que Star Wars était devenu has been.

- Je comprends bien l'utilité de la scène de danse, et ce qu'ils ont voulu dire, c'est juste que c'est mal fait et plutôt ridicule.

- C'est pas parce que chaque perso correspond à une fonction informatique (ou religieuse, ou mythologique) que les acteurs sont obligés de jouer comme des armoires. Quel en est le sens ? Le fait de s'appeler Ghost prend-il plus de sens si on joue le personnage sans y mettre la moindre émotion ? Non. D'autres personnages sont bien plus humains pourtant.

- Oooooooh !!!! Merci Youn, tu viens de me faire remarquer que les noms dans Matrix ne viennent pas de nul part. Moi qui croyait que Persephone était un mot inventé par les Wachos... Bon, je suis cynique là mais cet argument est un peu étrange. Ça change quoi ? En quoi ça justifie les "pouet je me torche le popotin dans la soie". En quoi ça justifie une explosion de foune en 3D, en quoi ça justifie un jeu cabotin et une plante verte à côté ? Il y avait moyen de donner autant d'info sans en passer par une scène aux dialogues, au style, et au jeu de si mauvais goût (bon après apparemment ils aiment pas les français, vu comme le commentateur frenchy de Speed racer est représenté en petit bonhomme moche aux cheveux gras postillonnant des injures).

- "Tiens donc". Ben oui, j'avais remarqué figure-toi. Quand tous les acteurs jouent de la même manière on peut se dire que ça provient d'un désir des réalisateurs.


- La conclusion est frileuse car elle se contente d'une conclusion sans relief. On a fait un cycle, ok. Etait-il exceptionnel ? Marque t-il une nouvelle étape ou est-ce la normale ? Y'a t-il vraiment "une matrice dans la matrice" ? Dans ce cas où sont les humains ? Ben débrouilles-toi avec ça. Penses ce que tu veux. Je comprend le côté "on laisse le spectateur gamberger". Mais faut-il encore avoir matière à gamberger. La pirouette finale, c'est quand même Smith. On l'oublie presque de tous le film. Et d'un coup, en pleine immense bataille sur le quai on se dit "mais en fait c'est lui l'ennemi". Et il revient comme un cheveu sur la soupe. Sans vraiment comprendre pourquoi. Ok, il contrôle la matrice. Et ensuite ? Qu'est ce que ça peut foutre aux machines ? L'architecte dit bien à la fin de Reloaded qu'une survie sans humains et sans matrice leur est possible... C'est là tout le problème. Trop de questions, et pas assez de réponses. Sur le net, on peut trouver des dizaines d'explications totalement différentes, mais aussi logiques les unes que les autres. Où est la vérité du film ? Laisser le champ libre, c'est bien. Mais sans la moindre base, on a une coquille vide.

- Bon, Weaving en roue libre c'est un moindre mal. Il est l'une des rares attractions du film. Le plan où il se marre après avoir piraté l'Oracle est quand même totalement nanardesque.

- La séquence Pac-Man : comique involontaire lorsque Néo, au début du film, sort sur la gauche de l'écran pour revenir sur la droite. Au ciné toute la salle s'était marrée.

- Oui mais non. Je ne vois pas en quoi cette fin est totalement logique, surtout de la manière dont elle est amenée. Un film plein de sens caché n'est pas FORCEMENT logique. Comprend po la remarque là...

- Mais oui !! ^^

Après tout cela ne reste que mon avis perso. A transformer les défauts en qualités (;-)) on peut très bien penser que Revolution, ou absolument n'importe quel film d'ailleurs, est un chef d’œuvre impérissable de l'histoire de ciné, pourquoi pas. Mais vraiment je ne le pense pas...
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 22:21

Citation :
J'ai la grosse flemme de multi-quoter
oui mais moi j'aime bien ^^

Citation :
alors dans l'ordre ^^ :
Ouais, allons-y !

Citation :
- La Lucas/prélo bashing a commencé bien avant 2006, même s'il a pris une ampleur de plus en plus grande.

Ecoute, avant que les gens ne se calment un peu, c'est à dire au moment où SW3 est sorti en DVD, il était rare de lire une critique des films qui soit mauvaise (mais construite) sans un gros bashing derrière. frak, et puis ces louanges à la sortie de la revanche des Siths quoi :|

Citation :
Sa réput s'est beaucoup faite en DVD
Ça a été un carton phénoménal en salle non ?

Citation :
- C'est pas parce que chaque perso correspond à une fonction informatique (ou religieuse, ou mythologique) que les acteurs sont obligés de jouer comme des armoires. Quel en est le sens ? Le fait de s'appeler Ghost prend-il plus de sens si on joue le personnage sans y mettre la moindre émotion ? Non. D'autres personnages sont bien plus humains pourtant.
C'est un parti-pris comme il en existe souvent. Les wacho ont pris une décision d'un point de vue artistique, et elle se justifie, c'est tout.

Citation :
- Oooooooh !!!! Merci Youn, tu viens de me faire remarquer que les noms dans Matrix ne viennent pas de nul part. Moi qui croyait que Persephone était un mot inventé par les Wachos... Bon, je suis cynique là mais cet argument est un peu étrange.
C'est une réaction à "scène WTFesque". Pourquoi est-ce WTF ?

Citation :
et une plante verte à côté ?
Vraiment ? :| On la ressort encore celle-là ? Et après, on dira "Tête sur deux seins ?" pour son rôle dans Revo ?

Citation :
"Tiens donc". Ben oui, j'avais remarqué figure-toi. Quand tous les acteurs jouent de la même manière on peut se dire que ça provient d'un désir des réalisateurs.
Ben non, ça peut aussi venir d'une mauvaise D.A. hein... mais tu arrives à la même hypothèse que moi, d'où mon message qui à la base était positif..

Citation :
- La conclusion est frileuse car elle se contente d'une conclusion sans relief. On a fait un cycle, ok. Etait-il exceptionnel ? Marque t-il une nouvelle étape ou est-ce la normale ? Y'a t-il vraiment "une matrice dans la matrice" ? Dans ce cas où sont les humains ? Ben débrouilles-toi avec ça. Penses ce que tu veux.
S'il y a énormément d'interprétations quant aux symboles du film, l'histoire en elle même est très claire !
Mise en contexte mythologique : les hommes aiment bien se raconter des histoires qui collent à leurs obsessions (amour, héros, messie, guerre, mort, gardien, grand maître, vie toussa quoi)
Mise en contexte narratif : la matrice au départ était parfaite, mais les hommes ne l'aimaient pas. A chaque fois, il y avait un sale bug qui naissait (une erreur "systémique" : on utilise également ce terme en production pour parler d'une anomalie récurrente qui nait de tes paramètres de production malgré tous tes contrôles), ce sale bug provoquait le retour des obsessions des humains (résistance, etc.) et c'est devenu un pari entre deux programmes de savoir ce qui allait se passer ensuite. Au final : chaque matrice suivait un cycle qui se terminait par un Ragnarok, un recommencement sans fin.
Matrix 1 : bon ben un élu. Encore un. C'est rigolo leurs espoirs là. On lance les paris ?
Matrix 2 : Bon les mecs, on a capté "C:/élu", il arrive vers l'architecte. Faut qu'on se prépare au rechargement. Ohputainohputainohputain un truc qu'on avait pas prévu : L'élu il a pris une autre porte. Il a choisi l'anarchie plutôt que la sécurité. Et un virus qui s'appelle Smith est en train de prendre une ampleur gigantesque. Les mecs on fait quuuuooiiii ?
Matrix 3 : les mecs on s'est pas rechargééééés. Et Smith grandit ! Bon, il devient quoi C:/Elu là ? Il peut nous aider ?

Jusque là, j'imagine que t'avais tout calqué. Mais c'était juste pour reprendre certains points et être sûr de ce qui va suivre.

Au final, que raconte Matrix et surtout son final ? Revenons à la scène de fin du 1. Néo prend conscience de son statut d'élu. Il devient un messie pour la matrice en cours, à un niveau X. Vie. Mort. Résurrection. Il acquière son statut mythologique donc. Mais que se passe-t-il devant le père de la matrice ? Sacrifice messianique. Yeap. Nouveau statut mythologique à un niveau X+1. Statut qui va causer une Révolution dans le niveau inférieur, empêchant un Rechargement prévu à la base et en provoquant un autre ("oh a deja-vou"). Matrix 1 n'était donc qu'un prologue et ses deux suites racontent la même chose mais à un niveau supérieur.
Et c'est là que tu te rends compte que le "Everything that has a beginning has an end" est imputable à plusieurs niveau :
- au niveau de chacune des 5 matrices
- au niveau de la matrice générale, qui atteint la fin de son apogée
- au niveau X+1 dont la résistance va maintenance s'organiser avec l'avènement de nouveaux acteurs qui sont subtilement annoncés (le gosse prend la place de Morpheus, icônisation comprise / la petite prend la place de l'Oracle / Néo va revenir "un jour").


Voilà, c'est tout. Pas de multiples interprétations de la ligne directrice.

Citation :
Y'a t-il vraiment "une matrice dans la matrice" ?
C'est suggéré à la fin 1. Il me semble que Néo a compris qu'il n'était qu'un pion dans une multitude de couches quand il est aveugle. Mais faut que je revoye.

Citation :
Dans ce cas où sont les humains ?
frak mais t'imagines la lourdeur narrative si tu devais parler de ça ?

Citation :
"mais en fait c'est lui l'ennemi".
Attention que Smith n'est pas THE ennemi. C'est un dangereux mec avide de pouvoir à contrôler certes, mais c'est un pion dans une histoire plus grande que lui.

Citation :
Qu'est ce que ça peut foutre aux machines ?
Ben euh, elles arrêtent de fonctionner. Le mec est une maladie.

Citation :
L'architecte dit bien à la fin de Reloaded qu'une survie sans humains et sans matrice leur est possible...
T'es sûr de ça ? Le contraire est dit dans Animatrix.


Citation :
- Oui mais non. Je ne vois pas en quoi cette fin est totalement logique, surtout de la manière dont elle est amenée. Un film plein de sens caché n'est pas FORCEMENT logique. Comprend po la remarque là...
Je te dis juste que quand un film exulte les passions et les volontés d'interprétation multiples, avoir un final logique ne peut que décevoir les gens.


Dernière édition par Youn le Mer 18 Fév 2015 - 22:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 22:24

Bon par contre, pour un texte sur des gens en particulier, faire une faute à leur nom dans le titre c'est pas cool
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 23:12

Ahah. Les Wachowkis, j'avais pas tilté ^^
Dans mes souvenirs, Matrix avait bien marché, mais ce n'était pas non plus un carton inouï. Par exemple, il a fait moins que Austin Powers, sortit la même année il me semble. C'était plus un succès surprise. Il devaient s'attendre à faire dans les 50-60 (y'avait une interview du producteur disant qu'ils pensaient le film parfait pour faire quelques recettes en salle puis cartonner en loc, comme toutes les séries B d'action auxquelles ils apparentaient le film à cette époque) et il en ont fait dans les 170.

Citation :
Les wacho ont pris une décision d'un point de vue artistique, et elle se justifie, c'est tout.
Seuls les siths sont aussi absolus... Nan sérieux, c'est ce que tu crois, mais en rien une vérité inattaquable...

Oui, Bellucci n'est pas loin de n'être qu'une tête et deux seins dans Revo. On ne peut pas dire que sa présence est d'une importance capitale. Elle à quoi ? 2 répliques ?

Toute ta démonstration peut sonner juste. C'est juste une interprétation. Et des comme ça, il y en a des tripotées sur le net. J'en ai lu une un jour, démontrant que le vrai élu, était le Kid, et démonstration à l'appui, ça se tenait tout autant. Je ne vois pas le film dans tout ça. On est pas dans 2001 où on décortique le film pour comprendre ce qu'il veut dire, ou ce qu'on peut en tirer. On décortique le film pour comprendre son intrigue... le reste estr occulté, ce qui n'était pas le cas du premier Matrix.

Rien de tel n'est suggéré à la fin de Matrix 1. Si tu parles tu baiser je n'appelle pas ça une preuve. En tout cas pas assez indiscutable.

Eh bien oui, il fallait en parler des "vrais" humains, si c'est le cas. Je pense que si cette hypothèse était vraie, une telle structure narrative à tiroirs n'aurait pas fait peur aux Wachos... ce qui représente déjà un début de preuve selon moi que ce n'est pas du tout le cas.

Je ne me rappelle pas des Animatrix, à la fin de Reloaded, Néo dis un truc du genre "si nous mourrons vous n'aurez plus d'énergie" ce à quoi l'architecte répond "il y a des niveaux de survie que nous sommes prêts à accepter".
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 23:16

Citation :
Je ne me rappelle pas des Animatrix, à la fin de Reloaded, Néo dis un truc du genre "si nous mourrons vous n'aurez plus d'énergie" ce à quoi l'architecte répond "il y a des niveaux de survie que nous sommes prêts à accepter".
Ah ouais ok. Dans Animatrix, les humains cachent le soleil et les robots doivent contre-attaquer rapidement pour trouver une source d'énergie sur le long terme dans le corps humain.
Mais voilà, les machines peuvent SURvivre sans les humains, mais leur niveau de vie actuel n'est pas possible sans les humains.
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyMer 18 Fév 2015 - 23:41

De toutes façons pour bien juger il faudra la director's ultimate cut, la seule qui reflète la vision originale des Wachos. La BA vient de sortir et ça a l'air... génial (oui, je sais, tout le monde connait déjà ^^).

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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyJeu 19 Fév 2015 - 12:35

On se plaint du scénario plus simpliste de Jupiter, mais au moins on se prend pas la tête dessus :mrgreen:
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyJeu 19 Fév 2015 - 21:37

Pour en revenir au sujet (que je déplace dans la bonne catégorie)

C'est malin, tu m'as donné de me refaire tous leurs films en HD. Je n'ai aucune souvenir de Bound si ce n'est d'avoir beaucoup aimé.

Mais ce qu'il serait intéressant de faire, ce serait une courte exégèse (comme on en parlait ailleurs). Parler de chaque film, c'est bien, mais faire un texte sur eux, ce serait mieux. Il y a pas mal de trucs dont on peut parler, des plus évidents (les questions identitaires, l'esclavagisme, les techniques de réal innovantes etc.) aux plus obscurs (interprétations des multiples symboles dans leurs films notamment). Je ne suis pas le plus à-même de le faire, mais je suis sûr qu'en discutant entre nous, on peut faire ressortir deux trois trucs.

Je commence l'intégrale demain.

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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyJeu 19 Fév 2015 - 22:22

Youn a écrit:
C'est malin, tu m'as donné de me refaire tous leurs films en HD. Je n'ai aucune souvenir de Bound si ce n'est d'avoir beaucoup aimé.

Personnellement, au même titre que Blood Simple et Reservoir Dogs, je trouve que Bound rentre parfaitement dans la catégorie des "premiers films qui annoncent déjà toute la carrière de leurs auteurs". Je l'avais maté deux fois de suite lors de la découverte.
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptySam 21 Fév 2015 - 11:53

Revu Bound. Je n'en avais que peu de souvenir et ce visionnage m'a permis de redécouvrir un excellent film dans lequel les Wachowskis s'amusent beaucoup et surtout, posent déjà quelques une de leur obsessions. Outre le côté lesbien, charnel et sensuel évident, on pourrait aussi parler des dialogues à double (voir triple !) sens qui parsèment le film. Par exemple, alors qu'on ne sait pas encore qui est Corky est qu'elle se fait allumer par Violet, celle-ci lui dit (en lui donnant un café) "So you're a straight black", ce qui réfère à la boisson bien évidemment, mais peut également se traduire par "Tu es une noire hétérosexuelle", ce à quoi répond l'intéressée "Yes". Sa sexualité est donc cachée par les réalisateurs, mais il est évident qu'elle ment puisqu'elle est blanche. Puis vient la scène du bar. Les consommateurs sont tout d'abord floutés et on pense naturellement qu'il s'agit d'un lieu tout à fait conventionnel jusqu'à ce qu'un travelling révèle qu'il ne s'agisse que de femmes. Le "pot au rose" concernant Corky est dévoilé et, alors qu'elle s'assied pour draguer une demoiselle, une personne s'interpose et montre son badge en disant : "I didn't know you were out".
Premier niveau de lecture : "Je ne savais pas que tu étais de sortie"
Deuxième niveau de lecture : "Je ne savais pas que tu étais sortie du placard"
Troisième niveau de lecture, amené uniquement par l'image: "Je ne savais pas que tu étais sortie de prison".

Dire que c'était leur premier film :heart:
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MessageSujet: Re: Les Wachowskis   Les Wachowskis EmptyVen 6 Mar 2015 - 19:38

Je remercie Nadsat d'avoir patiemment relu mon texte à plusieurs reprises :D

Même si c'est pas vraiment le lieu pour ce genre de chose, (en tout cas, le format n'est pas le plus adapté) votre avis compte pour moi et si vous aviez deux minutes pour lire ce petit texte et donner votre avis, ça me conforterait dans mon choix de rédiger des textes (moins fréquents, plus développés) de ce genre à l'avenir, plutôt que des petites critiques de films plus régulières. Un ami a un projet de blog et on miserait sur des textes plus qualitatifs que quantitatifs.

Bref, intégrale faite. Mise à part Jupiter Ascending encore assez frais dans ma mémoire, tout a été revu et cela m'a permis d'appréhender d'une part un peu mieux les qualités de chaque film (qui, à part peut être Speed Racer, ressort encore grandit), d'autre part de tenter (je dis bien tenter) de cerner les Wacho et leurs obsessions. Sans vouloir rentrer dans l'exégèse de leur carrière, on retrouve de nombreux points communs entre tous leurs films, que ce soit dans le formel et la narration ou les thématiques (subtiles ou non).


Identité et Archétype

Et qui dit carrière dit forcément premier film. Bound a été conçu comme une patte blanche, permettant aux réalisateurs de se faire la main et rassurer Joel Silver de leur capacité à pondre quelque chose de correct. Si le résultat est forcément une ébauche, on retrouve un thème qui jalonnera l'ensemble de la carrière des frangins (à défaut d'avoir un mot plus approprié dans la langue de Molière) celui de l'identité. Ici, il concerne deux femmes, Corky et Violet (Gina Gershon et Jennifer Tilly) qui se révèlent l'une à l'autre lentement pendant une première partie sensuelle. Alors que la première semble affirmée mais "introvertie" (cachant également un passif de taularde), l'autre fait exploser sa carapace et jette son dévolu et sa foufoune sur sa nouvelle voisine. Si on ne doit pas oublier les autres qualités de ce très bon thriller, force est de constater que les Wachowskis avaient déjà quelque chose à dire, inconsciemment ou non.


Les réalisateurs se jettent dans le grand bain ensuite avec leur œuvre phare, Matrix, qui semble encore aujourd'hui receler de trésors cachés. Grand fourre-tout thématique et mythologique, la trilogie transcende le métier de "mythologue comparatif" et relie des concepts et histoires de façon cohérente et surtout pertinente. Au centre de ce maelstrom, des personnages et leur double identité. Alors que la vie "normale" est vécue dans des grands buildings, dans la rue, dans des commerces, avec des noms à rallonge, une autre vie est abordée. Celle qui vécue dans les nights clubs, sous les ponts ou devant un écran d'ordinateur. La volonté des frangins est d'une part de célébrer une culture underground (cuir compris) ou trop décriée, d'autre part de questionner l'identité d'un individu dans une société pré-établie de clones à laquelle il ne correspond pas forcément. Pour finir, le héros de Matrix annihile son pseudonyme pour se révéler uniquement en tant que Néo. Un chemin identitaire également présent dans les suites mais Matrix Reloaded et Revolution seront un poils plus drastiques et ne brosseront pas dans le sens du poil les wanna-be anti-conformistes s'étant reconnus dans Néo (voir paragraphe Simulacre et Simulation).
Au-delà du parallèle avec notre société et la vie privée des Wachowskis, Matrix déploie également un schéma bien connu de ce forum : le monomythe. Universitaire américain ayant théorisé les structures mythologiques, Joseph Cambell a définit un certain nombre de schémas archétypaux, c'est à dire de thèmes et structures similaires liées à notre psyché, à partir d'un concept initialement définit par le psychologue Carl Jung. Dans sa structure, qu'il a appelé Monomythe, il y a un Héros, une Princesse, un Démiurge/Père (etc.), personnages auxquels répondent de prime abord les personnages de Matrix. Dans leur roublardise, les deux frangins ont relié la structure archétypale de nos mythologies à un programme informatique. Pourquoi y-a-t'il un élu ? Parce qu'il est programmé pour apparaitre. En substance et subtilement, les Wachowskis se permettent de comparer notre propre monde (et donc de questionner notre propre identité) à un programme illusoire né de circuits et de lignes de codes. A moins que ce ne soit le contraire...

Une quête identitaire complexe donc, qui évolue également au centre de la cellule familiale dans Speed Racer à travers deux personnages nous intéressent : Speed, avec sa volonté de correspondre à l'identité familiale en choisissant une voie plutôt qu'une autre, et surtout son frère, Rex, qui a pris une autre identité, faisant même intervenir la chirurgie esthétique. La thématique est ici résolue plus simplement (il s'agit avant tout d'un film pour enfant) qui ne néglige pas pour autant les difficultés et les aboutissants liés à un choix identitaire. Leur film suivant ré-abordera ce thème de façon plus profonde.

Ainsi, Cloud Atlas, co-réalisé avec Tom Tykwer, est très similaire à Matrix dans ses thèmes et ses richesses à explorer. En premier lieu, il faut savoir que le livre est un peu différent. L’œuvre de David Mitchell ne fait intervenir qu'une âme qui évolue au gré des récits vers une illumination finale. Les Wachowskis choisissent d'emblée la difficulté avec un parti pris ultra casse-gueule (pour une adaptation générale qui ne l'est pas moins) : l'âme est "morcelée" en six personnages différents qui ont tous leur histoire et tout ce petit monde se gravite autour de façon répétée, accédant ou non à l'illumination et la transcendance en fonction des choix effectués au cours des vies passées. Une histoire d'identités cohérente où n'importe qui peut être esclave ou chirurgien, l'important étant symbolisé par les choix et actions des individus. Cette notion est cristallisée par le discours de Isaac en plein milieu du film. Alors qu'il est clair que chaque personnage ne fait que retraverser éternellement le sentier de sa vie, un personnage est la somme de ses choix, bons ou mauvais, par rapport à son entourage.

Une quête personnelle qui s'est donc lentement transformée, passant d'une identité très centrée sur le soi, à une identité consciente du monde qui l'entoure (c'est à dire l'évolution naturelle initiée par le final de la trilogie Matrix). Une maturité evidente à laquelle s'est ajoutée le récent Jupiter Ascending, qui doit construire sa propre identité dans un monde où prévaut le droit du sang. Fille d'immigrée russe, orpheline de père à la naissance, née au milieu de l'océan, apatride et sans papier, elle découvre qu'elle n'est même pas de ce monde. Une désillusion totale qui est le point de départ d'un conte de fée très orienté gente féminine (c'est le même pitch que Princesse malgré elle, rappelons-le). Si la thématique qui nous intéresse n'a plus réellement changé, ses géniteurs l'ont, eux. S'il est nul besoin de rappeler en détail la vie privée des Wachowskis, le lien est inévitable et Jupiter Ascending devient le pendant féminin de Matrix. Aux archétypes de "Sage" et "Déesse" sont renvoyés "Prince Charmant", "Confidente/Soeur", "Epoux" et "Père/Mari". Promise à un destin hors du commun, l'héritière rompt ce qui lui était promis et trace sa propre voie. Elle déjoue la mort qu'on lui destinait tout en refusant d'être reconnue comme "Reine de la Terre" de manière explicite. Elle continuera à récurer les chiottes (parce qu'elle le vaut bien) dans une scène final en gros pied de nez à l'industrie hollywoodienne et œuvrera dans l'ombre.

A travers leurs films, les Wachowskis se sont posés les questions inhérentes à leur identité (et donc celle des autres) par le truchement de la cellule familiale, de la sexualité, de la spiritualité ou de la société, mais surtout, comme on le verra, des choix faits par l'individu.



Choix et Destinée

Fortement liée à cette question identitaire, la thématique du choix est justement mise en avant régulièrement dans la filmographie des réalisateurs. Matrix y fait évidemment écho de manière délibérée, tout en y répondant par un dilemme qui a dû faire gamberger les réalisateurs durant leurs lectures d'adolescent et de jeunes adultes : quid de la destinée et quid du libre arbitre ? Si chacun est libre de faire ce qu'il veut, alors pourquoi le monde est-il aussi cyclique ? Et si le monde répond en fait à des règles bien précises, quel est le sens de mon existence ? D'où viennent toutes ces histoires de destinée et de démiurges ? Si un personnage est intrinsèquement lié au monomythe ou à tout autre schéma archétypal, ne devient-il pas une sorte de pantin ?

Un nihilisme évident auquel la trilogie tente de répondre dans une séquence généralement mal comprise. Alors qu'on a pas arrêté de lui asséner les concepts de choix et de destin pendant toute sa révélation, alors que l'oracle lui dit tout et son contraire, Néo ne sait plus où donner de la tête et s'engage dans un combat sans fin. Et il fait un choix, celui de n'en faire aucun. Un dilemme résolu donc, même si cette réponse peut légitimement en frustrer certains.

"Would you have broken it if I hadn't said anything ?"

Les Wachowskis semblent obsédés par les décisions binaires (binaire... tiens donc) et jalonnent l'ensemble de leur œuvre de dilemmes et décisions difficiles pour lesquels il n'y a pas de décision facile.
La question du choix et de la destinée est également abordée dans Speed Racer et Jupiter Ascending, à travers les questionnements des personnages principaux sur leur futur et leur destin. Speed hésite entre Royalton et sa famille, entre l'image renvoyée par son frère et son positionnement évident de modèle pour son petit frère. Jupiter est elle-aussi confrontée à un choix et tout comme Néo, choisira de ne rien faire, ce qui aura ses crétinouséquences.

C'est dans Cloud Atlas que cette dualité trouvera une nouvelle forte représentation, et ce dès le début du métrage durant lequel le tryptique Wacho/Tykwer annonce subtilement le dilemme qui va suivre. En montrant une sorte de parasite recourbé sur lui-même, les réalisateurs font clairement référence à Ouroboros, à un détail près. Le serpent commun à plusieurs mythologies ne se mord plus la queue mais semble se défaire et se tracer une autre voie. Le symbolisme est clair, nous sommes face à des personnages coincés dans un cycle (non éternel ; comme le dit Zachry, il y a un début et une fin) qui vont chacun leur tour se défaire de leur destinée établie. Le ver fait une révolution, autant dans son cycle (une révolution est le tour effectué par un astre autour d'un autre) que dans la rupture de ce cycle (soit une... révolution). Et c'est grâce aux choix effectués par les acteurs d'un récit cosmique, et pas forcément de manière frontale dans le récit, que les personnages s'extirperont des griffes du vieux Georgie. Des choix qui vont à l'encontre d'un système, d'un père, d'une idéologie ou d'une petite voix.
Les personnages créés par les Wachowskis, après avoir pris conscience d'une identité différente du consensus culturel, politique ou financier en place, ils choisissent leur camp, celui de suivre une destinée préétablie par des gènes mais détruisant cette structure en place. Ils font donc des choix qui vont questionner et/ou affirmer cette identité. Mieux, ils la transcendent.
 

Simulacre et Transcendance

Cloud Atlas démarre sur le personnage de Zachry qui, au XXIVème siècle, raconte l'histoire de sa rencontre avec Georgie l'ancien. Ce dernier est semble-t-il un personnage hantant Zachry mais pourrait tout aussi bien un délire schizophrène de l'autochtone. Pourtant, il en est tout autre, et la signification réelle de ce Georgie l'ancien est présenté dès les premiers plans : rattaché symboliquement à Henry Goose (Tom Hanks également), il s'agit en fait d'un "agent du mal", cristallisant les mauvaises pensées et mauvaises actions qui peuvent détourner l'Homme d'une voie vertueuse. Dans la bible, Zachary signifie Dieu se souvient, ce qui renvoie d'une part au mécanisme narratif (un souvenir) et à la thématique de l'élévation spirituelle, puisque Zachry, un Homme, est nommé tel une déité de part son patronyme, comme s'il avait accédé à un stade supérieur de l'évolution. Le thème de la transcendance, sujet hautement métaphysique, est décrit en substance dans les oeuvres des Wachowskis par une nécessité à l'Homme de dépasser sa condition physique mais également mentale.

Ainsi, tout au long du film, de part le symbolisme amené par la reprise des mêmes acteurs pour des rôles différents, des âmes effectuent des bonnes actions ou mauvaises actions et ainsi, accèdent à une élévation spirituelle ou au contraire se perdent dans les limbes des réincarnations. Adam Ewing aura droit à un amour séculaire en sauvant un esclave alors que Robert Frobisher (à défaut de pouvoir nommer ces âmes) ayant choisi le suicide, sera contraint d'être témoin de l'absence de succès de sa musique ou d'être une femme soumise et malheureuse. Absolument pas au fait de l'Ordre naturel des choses (au sens mystique du terme), les personnages évoluent en vase clos et leur illumination ne tient qu'aux choix qu'ils effectuent. Un vase clos similaire à une caverne relativement ancienne.

Le philosophe Platon  avait déjà synthétisé l'idée d'illusion dans La Caverne (résumé rapide ici). Dans ce texte, le lecteur est invité à dépasser le monde qu'il connait. Évidente reprise moderne, Matrix situe son héros à un niveau "réel" qui est décrit d'une façon bien particulière : un gratte-ciel nommé Metacortex, des agents à la poursuite de tout élément étranger, des virus, etc. La matrice est un corps humain duquel on doit s'extirper afin, dans un premier temps, d'atteindre le monde dit "réel". De cette manière, les Wachowskis proposent à chacun de faire un retour sur soi et disent en substance "ton corps est une prison, tu ne pourras appréhender la vérité que si tu considères un monde plus large que le tien". Une expérience qui renvoie à celle de la petite enfance et donc un concept inconsciemment acquis par le spectateur moyen. Un plan montrera d'ailleurs Néo (devenu "autre chose", quelque chose de nouveau) entouré d'une fleur de lotus, référence au Sutra du même nom et donc à l'éveil du personnage.

On peut également noter un évènement similaire se produire chez Speed Racer. Un éveil qui passe par une sorte de méditation artistique. En pleine illumination, le héros modifie la structure physique de son environnement proche, tel Néo avant lui, évitant ainsi le même destin que son frère, alors que tout semblait le condamner à une telle une malédiction. En faisant cela, il contribue également à la mise à nu et la destruction d'un monde lié à l'argent qui se proclamait comme seule vérité, autrement dit un simulacre.  
Les deux suites de Matrix pousseront la réflexion plus loin et provoqueront une réaction plus violente de la part du public et des critiques. En montrant que l'individu doit également s'extirper du monde "Réel 2", tout aussi factice que le premier, les réalisateurs ont touché à une zone sensible (et inconsciente) chez les spectateurs.

Bouleverser un ordre établi, bousculer les certitudes, révéler les illusions... En choisissant une identité et en la transcendant, les personnages des Wachowskis modifient leur univers direct. Mieux, ils le transcendent. Qu'ils s'agisse de grimper l'échelle sociale, défier les lois de la physique ou accéder au statut de prophète, ces personnages brisent des barrières imposées par des entités extérieures (tangibles ou non, selon l'appréciation et la logique du spectateur) cachant volontairement une vérité. En effet, les Wachowskis ont souvent montré un monde illusoire. Outre le premier Matrix et sa "Matrice esclavagiste", Speed Racer décrit un puissant groupe montant des courses factices dont les vainqueurs sont déterminés à l'avance, Cloud Atlas brosse le portrait de civilisations peu au fait d'agissements secrets et Jupiter Ascending dépeint une planète Terre sous le coup d'un gigantesque conglomérat. On pourrait même se permettre de penser que la carapace identitaire des héroïnes de Bound rejoint la thématique du faux et de l'illusion. Des thèmes évidents et de premier plan qui semblent chers aux réalisateurs nourris aux œuvres  religieuses et philosophiques tel que celle qui donne son titre au paragraphe qui nous intéresse. Mais comme l'auteur Rafik Djoumi le fait remarquer, la thématique est plus riche que de prime abord et la trilogie Matrix suggère la participation du spectateur à un niveau supérieur, au-delà de l'appréciation primaire de l'illusion et de la confrontation réel/non-réel, dualité rassurante car passive. Les spectateurs assis confortablement dans leur fauteuil ont accepté avec facilité le pitch du premier film, à savoir que leur monde est une illusion. La récurrence du faux dans la science-fiction du XXième siècle a concouru à son acceptation en tant que fiction, et les réalisateurs profitent de cette thématique habituelle pour construire un simulacre en pleine face du spectateur qui n'entravera absolument que dalle. Volontairement maintenus dans une expérience illusoire, au propre comme au figuré, les spectateurs sont invités à devenir acteurs du film (et donc de leur univers). Une expérience ludique à laquelle Jupiter Ascending fait écho dans son final rappelant le vol de Néo à la fin du premier Matrix (dont il est le pendant féminin, rappelons-le) et suggérant que le retrait du voile cachant la vérité ne sera ni évident, ni immédiat. On ajoutera également que bien peu de personnages de Speed Racer et de Cloud Atlas n'ont conscience de l'ordre de l'univers auquel ils appartiennent.

A travers une série de thématiques liées de façon cohérente entre elles, Andy et Lana Wachowski n'aspirent qu'à une chose : l'élévation spirituelle du peuple. Evitant les œuvres stériles et pompeuses, ils passent par le cinéma populaire pour inviter le spectateur à repérer le simulacre, annihiler cette petite voix qui fait commettre les pires bassesses, faire exploser la simulation et révéler leur vraie identité dans un monde fait de conventions et d'âmes emprisonnées. Les histoires qu'ils racontent sont toujours les mêmes et les films se renvoient les uns aux autres. Si Matrix et Cloud Atlas sont destinés aux adultes de manière générale, Jupiter Ascending est le pendant féminin et Speed Racer, le pendant familial. Une envie délibérer de toucher un public large pour mieux faire passer un message subtil dont la fin est également le moyen.

Et pourtant, le succès n'est pas au rendez-vous. Si Matrix a été très bien reçu et a cartonné (surtout) sur le marché de la vidéo, les deux suites ont été des échecs critiques et sont encore régulièrement décriées. "Incohérentes", "nanardesques", etc. Des réactions parfois violentes mais finalement peut-être pas si illogiques ? Peut-être que le message sous-jacent des frangins a été une sorte de douche froide pour des spectateurs à qui la révélation de leur propre simulacre est trop dure ? Il y aurait beaucoup à dire également sur la réception de Speed Racer, Cloud Atlas et le récent Jupiter Ascending, films très mal vendus par les studios. Encore aujourd'hui jugés et crucifiés pour leurs partis pris radicaux et incompris, Andy et Larry semblent être isolés dans un système moribond qui ne veut plus d'eux.

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