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Sujet: Álex de la Iglesia Mer 18 Avr 2012 - 1:32
Bon, 2012 aura vraiment été l'année de la découverte Alex de la Iglesia pour moi. Si j'avais déjà entamé l'année dernière avec l'extrêmement sympathique et farfelu Mes Chers Voisins et le sublimement malsain Balade Triste, j'ai eu la chance de rencontrer le bonhomme en question et de découvrir une partie de sa filmographie sur grand écran. Faisons dans l'ordre, du coup :
-Action Mutante (1992) :
Un premier film comme ça, c'est vénérable. Doté d'un budget confortable lui permettant d'assouvir ses désirs, Alex de la Iglesia signe tout simplement une sorte d'adaptation live violente et folle furieuse de Métal Hurlant. De la satire futuriste à la RoboCop en passant par le survival post-Apocalyptique, Accion Mutante est un film jubilatoire rempli de Pasolini irrattrapables et de délires visuels mémorables (la "chaise roulante volante", le chat, le désert). On n'en a pas vu des films aussi barrés depuis, et c'est bien dommage.
-Perdita Durango (1997) :
Adapté d'un roman de l'auteur de Wild at Heart, de la Iglesia profite de passer Outre-Atlantique pour nous servir un road movie immoral où l'on rit jaune là plupart du temps, c'est à dire très souvent (le running gag de la voiture). Peu éloigné du David Lynch cité ci-dessus et d'un certain Tueurs Nés d'Oliver Stone, Javier Bardem et Rosie Perez forment un duo de psychopathes mémorable aux dialogues ciselés et à la folie communicative. Mention spéciale à James Gandolfini, irrésistible en flic borné... On aurait aimé le voir ainsi plus souvent.
Bref, on change de cadre, on change de style, mais Alex s'y sent assez à l'aise pour nous pondre cette réussite délirante qui lui permettra, comme à chacun de ses films, de développer ses thèmes favoris (à savoir le théâtre/cirque, la religion, le western - au détour d'un bel hommage -, les médias, la violence) et d'expérimenter sa mise en scène à la limite du cartoon survolté.
-Mes Chers Voisins (2000)
Presque plus sage que ses précédents essais, le film n'en demeure pas moins énorme et vaut le coup pour sa galerie de personnages bêtes et méchants et ses morceaux de bravoure totalement inattendus en proie à des expérimentations visuelles malines. Quoiqu'il en soit, même quand il fait du cinéma "grand public", le soin est de rigueur et le plaisir primordial (Star Wars, Matrix et j'en passe !) et on passe un très bon moment aux relents agressifs assez jouissifs.
-Le Crime Farpait (2004)
Petite surprise que ce Crime Farpait. Encore une fois enfermé dans sa bulle cartoonesque, Alex de la Iglesia exploite le mieux possible ses références et idées de mise en scène pour une comédie noire s'amusant à jouer sur les clichés et les contrastes qui s'évaporeront au final petit à petit. Porté par un Guillermo Toledo parfait en prétentieux de la première espèce, une pourriture à laquelle on se sentira obliger de s'identifier au fil de l'histoire, Le Crime Farpait est, avec Mes Chers Voisins, un exemple parfait de ce que donne un savant mélange de comédie populaire et de film de genre, prouvant qu'ils ne sont pas si éloignés l'un de l'autre.
-Balade Triste (2011)
Je sais pas si j'avais eu l'occasion de revenir dessus l'année dernière, mais c'est probablement le film le plus complet et abouti que j'ai pu voir de l'auteur. Ni trop absurde, ni trop poignant, Balade Triste est ancré quelque part entre deux eaux et s'amuse à jouer avec le spectateur, le torturant la plupart du temps avant de le faire rire, et de le faire pleurer. Summum de ses thématiques (le cirque est carrément mis en valeur et détourné à merveille), Balada Triste est un choc esthétique imaginatif et fascinant doublé d'une claque psychologique sans précédent qui, à l'instar de la chanson éponyme, reste en tête même longtemps après l'avoir découvert. Chef d’œuvre définitif.
-Un Jour de Chance (2012)
Vu en avant-première, le tout dernier de la Iglesia résume également ses thèmes de prédilection et l'adapte à un contexte social inévitable : la crise. Jouant ici sur l'idée d'un cirque médiatique (un père de famille malchanceux se retrouve avec une tige de métal plantée dans le crâne et devient l'attraction N°1 d'Espagne), La Chispa de la Vida de son titre original est un film bien moins insolent que ses précédentes œuvres et penche vers le spectateur pour le toucher avec ce martyr des temps modernes, sans oublier ces quelques touches d'humour méchant indispensables à son propos. Casting parfait (Salma Hayek est bouleversante) et parti-pris ambitieux, on pourrait juste reprocher au film de tourner parfois en rond, atténuant ainsi la force de son dernier acte pourtant puissant.
Voilà. Et donc je regrette de ne plus trouver nulle part Le Jour de la Bête ni Mort de Rire en ce moment... Néanmoins, je ne devrais pas tarder à découvrir 800 Balles, et autant dire qu'en amalgamant western et théâtre, Alex de la Iglesia a du se faire énormément plaisir sur celui-là.
Dernière édition par Mr.Movie le Mer 18 Avr 2012 - 9:44, édité 2 fois
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Mer 18 Avr 2012 - 7:30
Un frak de cinéaste que ce de la Iglesia (je n'ai pas vu Perdita Durango) et je te confirme que Balada Triste est son plus abouti. Je suis plus attaché à ses films sf/fantastiques qu'à ses comédies sociales comme Mes chers voisins mais il n'y a aucun film à jeter dans toute sa filmo. Filmo qui brasse des thématiques en constante évolution et toujours sur les mêmes obsessions.
Mort de Rire est un film extrêmement dépressif. Je rapprocherais cela de l'épisode avec Britney Spears dans South Park : tout le monde se fend la poire .... sauf le spectateur qui éprouve un malaise constant.
Le Jour de la Bête est jouissif
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Mer 18 Avr 2012 - 7:30
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Mer 18 Avr 2012 - 21:02
J'adore Le Jour de la Bête, Le Crime Farpait et Mes Chers Voisins . J'ai par contre eu plus de mal avec Action Mutante, que j'ai trouvé assez mou et sans saveur. Je devais sans doute en attendre trop, mais sur le coup ça m'a pas mal déçu. Même chose pour 800 Balles, mais je l'ai vu il y a un petit moment, un re-visionnage s'impose .
Faut que je vois ses autres flims .
Mr.Movie Jean-Marie Carpenter[/b]
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Jeu 20 Déc 2012 - 1:35
Si vous avez la chance de pouvoir voir Un Jour de Chance avant qu'il disparaisse des... 21 salles françaises, n'hésitez pas !
Sinon, je viens de voir Mort de Rire... et comme Youn le pointe ci-dessus, frak. Quel film. Sorte de comédie dramatique psychologique à base de baffes dans la gueule, de la Iglesia s'amuse avec ses personnages tout en montant crescendo dans les étapes de la violence et de la jouissance qu'il en sort. Porté par un duo absolument génial (Santiago "Torrente" Segura et El Gran Wyoming), Mort de Rire fascine autant par son humour noir qu'il attriste par la misère de son histoire. Une habitude, quelque part, chez de la Iglesia, tant la frontière entre le rire et les larmes est mince dans certains films de sa filmographie (800 Balles, Balada Triste, Un Jour de Chance justement). Parmi ses meilleures œuvres... et ironiquement, une jolie claque dans la gueule.
Quant au Jour de la Bête, il reste peut-être mon préféré à ce jour. Décomplexé, cartoonesque dans son univers et sa mise en scène folle, se relayant sur des protagonistes paumés comme d'habitude... Ce pourrait être le film symbolique du réalisateur, ou celui qui représente le mieux son esprit décalé et malin, plus que bienvenu dans le Cinéma actuel.
Le joliment jouissif et triste 800 Balles, véritable drame caché sous des airs de western sous acide, semble continuer quant à lui dans la facette de conteur touchant plus que celle d'enfant terrible de de la Iglesia. Une pensée encore pour Sancho Gaacia, récemment décédé, d'une justesse émouvante dans le rôle en or d'un papy lunatique enfermé dans sa bulle de cow-boys et de poussière.
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Ven 9 Aoû 2013 - 23:51
Vu Un jour de Chance et c'est très bon. Ce n'est pas ce que de la Iglesia a fait de mieux, mais c'est très recommandable. Roberto est un quadra au bord de la banqueroute, un peu désespéré malgré une épouse aimante qui le soutient (magistrale Salma Hayek). Après une journée de merdre au cours de laquelle il baffoue sa dignité pour obtenir un job, Roberto a un accident et se retrouve entre la vie et la mort, une tige figée dans son crâne. Il devient le centre d'attention des médias et va en profiter pour se faire de la thune. Vendu comme une critique des médias, La Chispa de la Vida ("L'étincelle de vie") dépasse cette thématique, au final un brin simplette. Car le film n'est pas ce qu'il semble être, à savoir une subtile critique sociale : les politiciens ont de longues écharpes et sont véreux, les gens sont assoiffés de faits divers, les médias vendraient leur mère, les publicitaires veulent profiter du moment de "gloire" pathétique d'un pauvre type et les enfants de Roberto semblent même être des caricatures sur pattes ! Rien de bien neuf à l'horizon. Sauf que Alex de la Iglesia sait très bien ce qu'il fait. Cette caricature de la société (le film se déroule à 75% dans un théâtre, pas con pour la représentation d'une farce) est un prétexte à l'auteur pour approfondir sa thématique de clown tristes, ici héros tragi-comiques, cible des regards constants. Le réalisateur nous demande de dépasser cette condition, d'avoir une dignité, de ne pas tomber dans une caricature grossière, de lever la tête et arrêter toutes nos conneries. Bien plus subtil qu'il n'en a l'air, Un jour de chance tourne parfois un peu en rond et s'étire dans son dernier tiers. La faute à un sujet difficile à étirer sur 90 minutes. Mais Alex de la Iglesia s'en sort malgré tout pas mal à ce niveau en captivant le spectateur.
Mr.Movie Jean-Marie Carpenter[/b]
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Jeu 15 Aoû 2013 - 2:38
Tout à fait d'accord avec ton avis, je pense que tu résumes bien les fameuses thématiques chères à de la Iglesia au passage.
Hasard, je viens de découvrir aujourd'hui La Chambre du Fils, épisode réalisé pour l'anthologie télévisée Peliculas para no dormir, supervisée par Narciso Ibañez Serrador.
Jouant la carte de la maison hantée, de la Iglesia s'amuse encore une fois avec son attachement pour les losers maladroits et attendrissant, ici un père de famille fraichement installé avec sa femme et son enfant dans une maison qu'il croit possédée. Le Cahier des Charges impliquant une durée n'excédant pas les une heure dix, le film s'adapte efficacement à la demande, quitte à ressasser les invariants du genre... pour mieux les détourner du même coup. Ainsi, le protagoniste père de famille, pauvre type tombant malgré lui dans tout ce qu'il refuse d'incarner (le mauvais père, le mauvais mari), se construit des caméras de surveillance avec des... moniteurs vidéos pour bébés. Terriblement drôle dans ces moments de manipulation du genre, le film n'en oublie pas pour autant de créer une petite atmosphère oppressante assez surprenante pour une diffusion sur une chaîne publique. Malgré tout, l'épisode semble par moments souffrir d'une certaine prévisibilité et d'un problème de rythme quant à l'avancement du protagoniste dans son enquête, mais cela n'empêche pas de passer un bon moment devant cet exercice de style... et de rêver d'une telle initiative sur une chaîne française. Encore faut-il avoir un cinéaste comme Alex de la Iglesia dans nos contrées...
Bon, sinon, vivement Les Sorcières de Zugarramurdi, prochain film en date qui s'annonce d'ores et déjà bien barré ! Il sortira en France à Halloween prochain, grâce aux bons soins de Wild Bunch.
Youn Of hosuey en plus
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia Jeu 15 Aoû 2013 - 10:35
Je garde un excellent souvenir de La chambre du fils, le premier Iglesia que j'ai pu voir. Il distillait une atmosphère ultra opressante. Il ne dépassait pas A louer, le tétanisant segment de Jaume Balaguero, mais était fort plaisant.
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Sujet: Re: Álex de la Iglesia
Álex de la Iglesia
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