Réalisé par
Chad FerrinAvec
Timothy Muskatell,
Trent Haaga,
Tina Birchefield,
Chad Powell (et
James Gunn)
Genre :
Camescope ? Check! Windows Movie Maker ? Check!Durée :
Une heure vingt de trop. CE TOPIC EST DÉDIÉ A POWLOW ET D'AUTRES POTES, INCRÉDULES QUI, EN ACHETANT CE DVD A 4 € AU HYPER U DU COIN, PENSAIENT POUVOIR CONCLURE NOTRE BELLE SOIRÉE EN BEAUTÉ.
PAIX A LEURS INSTINCTS CINÉPHILES.Caméraman indépendant, Eric Hayes filme tout ce qui se présente de sulfureux dans l'espoir de le vendre très cher à une grande chaîne de télévision.
Meurtres, passages à tabac, suicides...
Une réalité brutale, effroyable, que sa nouvelle découverte dépasse de très loin en horreur.
Dans une rue sordide de Los Angeles, il tombe sur trois hommes dévorant la chair d'une femme.
Un dantesque festin cannibale. Traumatisé, le caméraman poursuit néanmoins son enquête et s'engage dans un monde souterrain, refuge d'une communauté dont les instincts remontent à la nuit des temps.Il est parfois difficile de parler de certaines productions...
Tout bon cinéphile rêve, un jour, de pouvoir mettre en scène ses propres idées, et quitte à le faire avec un petit budget et une bande de potes, quelques uns le font avec brio et ingéniosité (n'est-ce pas, Sam Raimi et Peter Jackson ?
).
D'autres, comme Chad Ferrin, pourtant assistant de production sur
Halloween 6 et collaborateur proche de certaines productions TROMA, sacrifient aussi leurs biens (ici, une Ford Mustang) pour réaliser son deuxième long-métrage indépendant.
Entre 9000 et 15 000 dollars, une mini-DV des figurants involontaires et une équipe de 15 personnes tout au plus sont là pour l'aider dans sa tâche ambitieuse : réaliser un film d'horreur malsain comme on n'en fait plus de nos jours. Malheureusement, quand personne semble y croire, ça nique un peu le tout, non ?
Je crois que Ferrin était conscient de ce qu'il était en train de faire. Le bonhomme n'est pas foncièrement mauvais pourtant ! Ferrin semble s'amuser à prendre comme (anti-)héros un alcoolique dépressif qui se complait à filmer des horreurs pour son propre compte. Ainsi, dès les premières minutes du film, on découvre notre camé-raman en train de filmer un gros lard violant et lardant de coups mollassons le cadavre d'une blondasse, avec en prime des images subliminales du mari égorgé dans la baignoire.
On ne sait pas pourquoi il était là, ni comment il est entré, ni pourquoi le tueur ne court pas vers lui et se laisse filmer... Il est juste là, en attendant que les flics arrivent.
La seule séquence qui met en avant LA star du film, par ailleurs. C'est là que commencent les problèmes : Chad Ferrin est mauvais dans tous les domaines. Tous !
Commençons par le scénario. Je me demande si Ferrin avait bien un fil conducteur dans son intrigue, ou si il filmait aléatoirement au jour le jour ses séquences, et assemblait le tout dès qu'il trouvait ça zoli...
Parce que, sérieusement, son histoire tient sur un post-it, et a du être écrite sous la forme d'un tas de petites notes par-ci par-là qu'il a tenté de relier ensemble tant bien que mal. Ce qui donne des séquences cafouillis comme celles-ci :
- Spoiler:
TÉTON SUBLIMINAL ! Et le film se poursuit comme ça, passant d'une séquence pseudo-choc à l'autre presque sans jamais prévenir, entrecoupé d'images subliminales foireuses, laissant sans cesse deviner au spectateur où se trouve le personnage (DTC ?) pourquoi est-ce qu'il est ici (DTC ?), pourquoi on voit un enfant tout d'un coup (superbe flash-back, j'y reviens tout à l'heure), de quoi les personnages parlent, etc...
Car oui, on arrive comme en plein milieu d'une intrigue, comme si il y avait eu auparavant un
The Ghouls -1, un
The Ghouls 0 et qu'il y aura un
The Ghouls 2 et ainsi de suite. On nage dans des situations floues ou les personnages ne font que de se répéter encore et encore, sans jamais faire avancer le schmilblick.... Le film aurait pu tenir sur 18 minutes facilement, au lieu de fournir son intrigue de gros port nawak maladroitement justifiés (enfance traumatisante de Éric, scène d'arrestation policière inutile, handicapé mental kleptomane et j'en passe).
Du coup, nous on ne comprend plus rien, et on préfère abandonner, et regarder les belles images que peut nous fournir Ferrin.
Véritable dialogue du film... On saura de quoi ils parlaient que 40 minutes plus tard. Mais là aussi, c'est une catastrophe totale ! Avec un meilleur équipement et une certaine imagination, le résultat aurait pu être acceptable... mais
The Ghouls ressemble à un
Plus Belle la Vie pour psychopathes, trop plan-plan et amateur pour provoquer le moindre intérêt visuel, d'autant plus qu'il semble être monté sous Windows Movie Maker par un épileptique borgne amputé d'un bras.
C'est mou... Mooooooooooooouuuuuuuu... Les acteurs sont aussi impassibles que la planche à repasser de ma grand-mère, les dits-cannibales aussi vifs que des paraplégiques sous anesthésie, les scènes d'actions aussi éprouvantes qu'un
Derrick, les scènes de flippe aussi traumatisantes qu'un paquet de Haribo Tagada Pink... le tout avec en fond sonore le même morceau de free jazz repassé en boucle pendant une heure vingt.
Ah non, c'est vrai... Lorsque l'acolyte de notre héros sort un flingue de son tiroir, se mêle dans la trame sonore ceci, bien évidemment.
De l'Art de filmer des interventions policières sans autorisation. On sent que le film se veut être le fils illégitime entre
La Nuit des Morts-Vivants et
Maniac (et un peu de Scorsese, celui de
Taxi Driver ou même
A Tombeau Ouvert), mais à ce stade là, c'est comme si un avortement avait été effectué en même temps que le viol collectif de ces films, et que le rejeton avait survécu.
Après, on peut montrer une once de pitié pour le pauvre Chad, vu son budget riquiqui et sa volonté de réaliser des Séries Z à refourguer au premier distributeur venu, mais il faut savoir ne pas prendre les gens pour des crétinous, quand même. Surtout quand tu côtoies Lloyd Kaufman et James Gunn mais que tu préfères bâcler vite fait mal fait une pseudo intrigue cannibale aussi palpitante qu'un cachet d'aspirine effervescent !
Surtout vu la fin à twist délicieusement naze et qui nous achève magistralement, tout en complétant parfaitement au final le gros bazar initié plus tôt.
Malgré tout, le bonhomme continue ses méfaits, et je reste curieux de voir débarquer l'année prochaine un certain
Dances with Werewolves 3D (
), que j'imagine tout plein de discussions inintéressantes, de gros plans sur des paquets de cigarettes, de vomi foireux et d'effets spéciaux en plastoc.
Difficile de ne pas penser que Chad Ferrin défend le principe de l'anti-film d'horreur, ceux tels qu'on en voit aujourd'hui, et qu'au final, son parti-pris d'envoyer tout le système se faire foutre est plus ou moins jouissif et intrigant... mais encore faut-il avoir un minimum de message, de conviction et de talent avant de s'en vanter.
Les terrifiants "Cannighouls" des titres du filmCitizen Kénn' !Le John Goodman du pauvre... Appelons-le : John Badman !- Spoiler:
Futain, c'est quoi ce shirt ?Y'avait du budget confiture à la fraise, apparemment. - Spoiler:
La Leçon de Cinéma du jour !On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a sous la main, hein !
Au moins, Chad Ferrin est un bon gars ! (Mais le doubleur VF n'a sûrement jamais croisé un handicapé de sa vie.)Des acteurs... motivés !De l'art de filmer des clodos dans la rue sans autorisation.
(Remarquez au passage ce magnifique générique de fin tout aussi beau que le restant du film).