La Comtesse (Julie Delpy - 2009)

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Pas vu le premier film de Julie Delpy, mais le sujet de ce nouvel effort derrière et devant la caméra m'intriguait particulièrement . Et puis des films sur la Comtesse Bathory y en a pas des tonnes, alors que c'est un sujet en or! Après une très belle séquence d'introduction qui dresse le caractère déjà glacial d'une Erzsébet encore toute jeune et tisse les principaux fils de l'histoire, je m'attends à voir un film gothique malsain et sanglant, dans la veine de la Hammer. Un film qui n'a pas peur de dresser un portrait véritablement monstrueux de la Comtesse (ce que fait parfaitement l'intro par exemple, avec la mise à mort sadique d'un innocent piaf et des scènes de guerre un peu cheap mais sacrément iconiques). Et en fait La Comtesse c'est pas du tout ça! Il y a bien quelques débordements gores (ça reste très sage hein), mais Julie Delpy se concentre très vite sur les histoires de coeur, en préférant jouer la carte de la suggestion pour tout ce qui est des meurtres et du côté le plus sombre du personnage. La Comtesse est avant tout un film intimiste qui se concentre sur les émotions des personnages, notamment ce qui amena Erzsébet à devenir la fameuse Comtesse sanglante. Un choix qui en décevra plus d'un, mais faut bien que j'avoue que la réalisatrice livre au final un film vraiment envoûtant, et parvient à rendre le personnage touchant dans son amour aveugle confinant à la folie. La mise en scène est parfois trop classique (faut aimer les plans fixes), alors qu'un thème pareil aurait peut-être demander un poil de fougue, mais la photo est belle à se damner et certains plans de toute beauté donnent au film une véritable force visuelle. Les décors et les costumes sont également là pour prouver que le sujet a été traité avec sérieux et passion. Du côté du casting aussi c'est la sobriété qui prime. Si Julie Delpy est très convaincante et réussit parfaitement à jongler entre les deux traits de caractère de Bathory, à savoir la jeune femme amoureuse et la Comtesse en proie à la folie furieuse, Daniel Brühl est un peu fade dans le rôle du jeune bellâtre. C'est pas que sa prestation soit honteuse, mais son personnage est un peu écrasé par son père incarné par William Hurt, bien plus charismatique. Mais le trio fonctionne bien et on se délecte de leurs histoires dans cette belle Hongrie du 17ème Siècle.
J'attends encore le film qui racontera la vie de la Comtesse tueuse de vierges avec ce que ça suppose de violence et de fureur, mais la proposition de Julie Delpy est déjà bien agréable. Un film à l'ambiguïté bienvenue (car au final était-elle véritablement responsable de tous les meurtres?), qui s'en sort très bien malgré un budget serré.