Réalisé par
Jake WestAvec
Emily Booth, Sam Butler, Jennifer Evans, Jamie HoneybourneGenre : Pas de fric, mais ça le fait !
Sorti en 2005
Une équipe de télévision arrive dans le Pays de Galles pour enquêter sur l'histoire d'une femme qui s'est fait violer par des extraterrestres... et le hasard veut qu'ils tombent réellement sur ces aliens. C'est ainsi que démarre le carnage.Bon, pour fêter sa première année d'existence, l'Absurde Séance de Rouen aurait pu nous sortir le grand jeu : une copie neuve de
La Baie Sanglante de Bava, un giallo de Argento, pourquoi pas même
Les Valseuses ?
Mais non, leur choix s'est porté sur un simple film indé anglais assez fauché et peu connu du public, hormis chez les festivaliers qui ont pu le découvrir depuis 5 ans. Bref, le synopsis sentait le réchauffé, le film n'a pas une grande renommée sur le net... ça sentait le roussis.
Heureusement que la bonne humeur de l'équipe de l'Absurde Séance nous fait plonger illico presto dans une ambiance de tarés assez jouissive : avant même que le film commence, on nous présente la bande-annonce de ce chef d'œuvre de
Le Canard à l'Orange (avec Ugo Tognazzi) et, comble du mauvais goût Ultime, celle de
Camping 2.
Evil Aliens commence de façon plutôt fortiche, puisqu'avant même l'apparition du titre, un couple en train de forniquer en plein cimetière se fait enlever par des envahisseurs... et subissent des tortures plus ou moins déviantes, pour le plaisir du gore et du fun (une sodomie à la perceuse, ça vous dit ?).
Ça y est, le ton est donné, on peut enfin rentrer dans le voyage, accompagnés d'une bonne ribambelle de personnages clichés.
En effet, une équipe de choc de la télévision est chargée d'interviewer la seule survivante du rapt alien, celle qui s'est pas fait Frak, mais qui s'est fait engrosser à la place (la pauvre !).
Menés par Michelle Fox, une reporter ultra-bombasse et orgueilleuse, l'équipe est composée d'un caméraman branleur et, accessoirement plan popotin de la demoiselle, de son pote preneur de son plutôt pessimiste, d'un geek spécialiste des aliens et qui ne jure que par Roddenberry et enfin, ceux qui seront censés reconstituer la scène du viol : une actrice de films érotiques lesbiens et un tragédien absolument gay.
Une fois arrivés au Pays de Galle, se joignent à eux les frères de la victime, trois grands fermiers au baragouin incompréhensibles et aux mimiques barbares absolument hilarantes.
Une belle brochette, me direz-vous ? Et vous savez sûrement déjà quels seront leur rôles et leurs destins, même ? Oui,
Evil Aliens ne brille pas par son scénario, et s'avère assez prévisible tant Jake West tient à rendre hommage à ceux qui l'ont inspirés depuis les années 70. Ainsi, on ne s'étonne pas quand le Pays de Galles ressemble étrangement aux décors fantômes du
Fog de Carpenter, que la caméra virevolte dans tous les sens à la Sam Raimi, et que les démembrements (têtes, bras, intestins, yeux...) fusent comme chez Peter Jackson.
D'ailleurs,
Bad Taste et
Braindead reviennent très souvent à l'esprit dans certaines scènes, le film essayant d'atteindre un degrés de délire et d'hémoglobine aussi élevés que dans les classiques du Hobbit. Se suivent ainsi des clins d'œils par-ci par là, à
Predator pour le look des aliens aux costumes mi-T-Shirt mi-latex (mais relativement acceptables), à George Romero qui a rendu les granges assiégée inévitables, et même aux films cannibales ritals avec un empalement assez douloureux.
Avec son petit million d'euros de budget, Jake West ne peut évidemment pas se permettre de faire un
Rencontre du Troisième Type gore (bien que le bonhomme semble fan de Spielberg), mais fait preuve d'une très grande inventivité. Non seulement, en termes d'ambiance et de mise en scène, le bonhomme n'est pas si mauvais - à deux trois tics près -, mais en plus, les effets spéciaux à la After Effects correspondent tellement à l'univers taré du film qu'ils ne choquent même pas.
Les personnages, tous plus ou moins débiles, sont très attachants et contribuent en grande partie au charme du film, pourtant loin d'être très fin dans son humour, comme le prouve les rêves du geek, dont le seul but véritable est de trouver une E.T et de s'accoupler avec.
Si certaines blagues tombent à plat, la plupart du temps on éclate de rire devant la connerie facile de certains gags (un alien qui glisse sur une peau de banane, ou un combat arme blanche/bois de cerfs, par exemple
)... ou devant l'ambition de certaines boucheries, comme un massacre d'aliens à la moissonneuse batteuse. Simple, mais ultra-jouissif.
Et il faut avouer que l'ambiance bon enfant de la salle à joué aussi dans l'appréciation. C'est comme avec certains nanars : tout seul chez soi, ça peut vite être embêtant... mais entre potes, c'est le pied total.
En l'occurrence,
Evil Aliens est plutôt pauvre dans son scénario, mais fait tellement preuve de bonne volonté pour marrer le spectateur décérébré qu'il en devient tout de suite très cool. Et si il n'est pas réservé à tous les publics ni à tous les cinéphiles (y en a qui sont allergiques à ce genre de films), le film prouve qu'avec peu de moyens, pas de sérieux mais avec quelques bonnes idées, on peut faire quelque chose qui a de la gueule. Et en même temps, vu l'excellente conclusion du film, on ne peut que remercier Jake West d'avoir écouté son cœur de cinéphile et de nous avoir fait passer un bon moment de n'importe quoi.
Donc, comme on nous l'a demandé au début de la séance, je prononcerais un bon petit "Glou Glou" en signe d'appréciation.
PS : Comme je l'ai shloubidoubidé cet aprèm (en VOST), j'en profite pour vous donner de belles captures d'écrans. - Spoiler:
Secret défense : j'ai fait des essais pour jouer dans Avatar 2 !En Normandie, on a aussi nos petites vengeances entre voisins..."Oh pouet ! J'suis en plastique !"Jake West invente (presque) le concept du "westeralien".Evil Dead II vous avez dit ? - Spoiler:
Ça, ça doit faire mal....Predator vous avez dit ?Evidemment, comme dans tous les films, il y a un message religieux caché... In your face, Michael Bay !Braindead vous avez dit ?- Spoiler:
Le Jour des Morts-Vivants vous avez dit ?Tiens comme c'est marrant ! Un chien alien ça ne dit pas "Wouf", ça dit "Youn" !