Après avoir commencé comme producteur sur des films aux thèmes déjà proches de celui-ci,
Lee Daniels s'essaye à la réalisation avec cette adaptation du best seller "Push" de
Sapphire. Autant le dire tout de suite, ce film n'est pas à mettre devant les yeux de tout le monde ... Plus glauque tu meurs !
En effet, le film raconte l'histoire d'une jeune fille noire obèse qui, à 16 ans à peine, est déjà détruite par ce qu'elle a vécu. Maltraitée par sa mère, violée par son père et enceinte de son deuxième enfant, elle est totalement illettrée et pour couronner le tout, elle va apprendre qu'elle est séropositive
... Autant dire que le réalisateur n'a pas besoin d'appuyer sur le côté mélodramatique, il est déjà naturellement mis en avant
Et de ce côté-là, on peut dire qu'il s'en sort bien puisqu'il n'en rajoute jamais et nous présente simplement les faits tels qu'ils sont vécus, ceux-ci faisant leurs effets sur le spectateur sans grande difficulté.
Le film est servi par une belle interprétation de
Gabourey Sidibe qui semble presque avoir puisé dans sa propre expérience pour interpréter ce personnage. Dans un premier temps, elle ne rend pas du tout son personnage attachant : c'est une jeune fille qui a vécu tellement de malheur qu'elle s'est construit une carapace et qui semble comme spectatrice de sa propre vie. Elle est renfermée sur elle-même et ne dégage aucune émotion. Mais au contact de sa prof, elle va progressivement s'ouvrir offrant de belles scènes d'émotion.
A ses côtés,
Mo'Nique s'en sort pas mal non plus mais personnellement, j'ai trouvé qu'elle surjouait un peu de temps en temps ... mais rien que pour sa dernière scène chez l'assistante sociale, elle méritait sa nomination aux Oscars (sa victoire, c'est autre chose). Mais l'actrice dont on ne parle pas et que j'ai vraiment trouvé remarquable, c'est
Paula Patton. Habituée aux rôles de "belles plantes", elle a enfin un rôle qui lui permet d'exprimer son talent. Dans le rôle d'une prof lesbienne qui pratique son métier comme un véritable sacerdoce, elle est incroyablement touchante !
On notera également les seconds rôles de
Mariah Carey dans le rôle de l'assistance sociale et de
Lenny Kravitz dans le rôle d'un infirmier "so cute". Les 2 s'en sortent pas trop mal.
Le gros défaut du film reste la mise en scène.
Lee Daniels semble dénué de talent et ça s'en ressent tout au long du film
Surfant sur la vague du cinéma indépendant, il filme caméra à l'épaule abusant des zooms/dézooms particulièrement insupportables (surtout dans la première demie-heure). Et lorsqu'il se calme, c'est pour passer à une mise en scène extrêmement plate ... De même, l'idée des rêves était intéressante mais elle est très mal exploitée : le réalisateur utilise de pauvres transitions en fondu enchainé pour passer de la réalité aux rêves. Et la représentation des rêves, même si on se doute que c'est volontaire, est beaucoup trop kitch pour ne pas nous faire esquisser un sourire ! Des rêves sous forme de clip, pourquoi pas mais il y a des limites.
L'un des gros points positifs du film, c'est sa musique. Plutôt que d'abuser d'une musique d'ambiance mélodramatique qui viendrait appuyer la gravité des images, le réalisateur opte pour une BO soul de grande qualité : Bobby Brown, Mahalia Jackson, LaBelle, Mary J. Blidge, ...
Et on a même droit à un très joli titre de Ghostface Killah et Ne-Yo pour le générique de fin
Au final, même si je n'ai pas été aussi ému que j'aurais pu m'y attendre par cette histoire, il y a quand même 2 scènes qui m'ont mis la larme à l'œil et j'ai trouvé le casting d'excellente facture. Dommage que la mise en scène ne suive pas car le film avait un énorme potentiel.
Voici donc un film plutôt sympa mais qui possède quelques défauts gênants ...
Ma note : 6,5/10