Bamboo House of Dolls (Chih-Hung Kwei - 1973)

HK, 1973
Réalisateur: Kuei Chih-Hung
Genre: le WIP peut-il casser des briques?
Avec: Lo Lieh, Birte Tove, Niki Wane, Wang Hsieh...

L'histoire:

En pleine invasion japonaise du territoire chinois et en même temps que la guerre du Pacifique, un chinois est tué sous les yeux de sa compagne, par une escouade de soldats de l’Empire du Soleil Levant. L’exécuté a juste le temps de glisser au creux de l’oreille de sa future veuve ces trois mots : « White Cloud Peak ». Hong Yulan n’a guère de répit : les hommes armés lui tambourinent le crâne jusqu’à l’évanouissement....






Un Women in Prison de la Shaw Brothers c'est pas tous les jours qu'on voit ça, alors si en plus c'est un des meilleurs représentants du genre, impossible de ne pas en dire deux mots! :regardconstelléd'étoiles:
C'est avant tout excellent parce que ce n'est justement pas qu'un simple WIP. Dans les ambiances, les décors et les musiques plane l'ombre du Western rital, le tout sur fond de Guerre du Pacifique! 3 Genres qui se mélangent de fort belle manière et offrent au spectateur un univers cruel et ultra-violent de part son contexte, mais constitué de plans iconiques et inoubliables.
Mais revenons-en au principal: le WIP. De ce côté, difficile de faire la fine bouche tant le réal semble s'être appliqué à nous balancer tous les passages désormais obligés du genre. Combats entre détenues, toilette, tortures, humiliations, évasion etc. Ce qui fait la différence ici, en dehors du fait que l'ensemble du film soit franchement bien mis en scène (un Shaw Brothers filmé comme du Sergio Sollima, tu m'étonnes que ça le fasse!), c'est que le bonhomme agrémente le tout d'une bonne grosse dose de sadisme. On est assez loin du ton léger d'un Big Bird Cage, car entre le quotidien infernal des prisonnières et le conflit tendu comme un slip entre Chinois et Japonais, ça ne rigole pas des masses. Ce sont surtout les soldats nippons qui ne rigolent pas d'ailleurs, tant ils passent pour d'odieux sadiques tout au long du film (tandis que les Chinois seront gentils et lutteront courageusement pour leur pays, c'est vraiment bizarre ). Dirigeant le camp d'une poigne de fer, ils ne laissent que peu de répit aux détenues, qui quand elles ne lavent pas les bottes des gardes avec leur langue sont au mieux bonnes à satisfaire les soldats souhaitant prendre un peu de bon temps entre deux batailles. Le camp prend alors des allures de bordell, mais ce n'est pas le pire! Non, il y a aussi cette femme impitoyable et très imaginative lorsqu'il s'agit d'interroger l'une ou l'autre des prisonnières: une vraie Ilsa avant l'heure! Tout comme le personnage campé par Dyanne Thorne, la dame éprouve le même plaisir malsain à torturer son prochain. De l'autre côté des barreaux, le groupe d'héroïnes tente tant bien que mal de garder la tête haute et rêve d'évasion. Entre les nurses occidentales de la croix rouge, les résistantes Chinoises et une frêle aveugle, on a droit à plusieurs portraits de femmes plutôt attachantes, même si le groupe reste largement moins développé que dans un opus de la femme Scorpion par exemple. Niveau messieurs en revanche, ils ne sont pour une fois pas tous pourris jusqu'à l'os, puisque le mythique Lo Lieh va se charger de sauver tout ce beau monde. Ne faisant pas les choses à moitié, ce Fraking d'acteur donne dès sa première action une toute autre ambiance au film. Après une première partie plutôt sombre, le tout laisse place à une évasion/chasse à l'homme en plein air des plus haletante, bastons sanglantes et folle virée en voiture comprises. C'est ça le grand grand plus du film, car après le générique de fin on a l'impression d'avoir vu un WIP "maispasque". Avoir eu cette capacité de reprendre et respecter les codes de plusieurs genres tout en sachant affirmer sa propre personnalité, avoir eu cette audace de sortir du simple cadre du WIP pour nous balancer un film hybride, le rendant d'autant plus riche, c'est la marque d'un grand bis. La preuve? On en redemande immédiatement!

Spoiler: