Nude...Si Muore ( Antonio Margheriti - 1968 )

Italie, 1968
Réalisateur: Antonio Margheriti
Genre: Giallo
Durée: 98 mn
Avec: Mark Damon, Eleonora Brown, Michael Rennie, Sally Smith...

L'histoire:

Dans un pensionnat de jeunes filles, un mystérieux assassin commet une série de crimes dont la raison semble inexplicable. Rapidement, un inspecteur est envoyé sur les lieux. Il doit faire vite car l'assassin semble être pressé par le temps et viser une personne en particulier.





Nude...Si Muore est un giallo plutôt atypique, à la croisée de différents genres et influences. Il y a à la fois tout ce qui fait le charme des giallos, et des éléments qui le font plutôt se rapprocher de modèles anglais ou allemands. Si le tueur ganté est bien là, traquant la jeune pensionnaire innocente avec un dévouement intact, l'absence de réelle violence graphique interpelle dès le premier meurtre. En effet, pas de débordements sanglants, même pas une petite gorge tranchée (allez, on a quand même droit à un petit coup de serpe). L'intrigue policière est clairement mise au premier plan, délaissant un peu la mise en scène quasi-corégraphique des homicides (volonté du réal ou non, le film lorgne encore pas mal du côté des krimis teutons, moins violents et plus axés sur l'aspect thriller). Mais si le sang n'éclabousse pas l'écran, l'érotisme light est en revanche bien présent, le spéctateur pouvant compter sur Antonio Margheriti pour déshabiller ses muses. Bien sûr une scène de douche ou un baiser langoureux ne font pas un film (je ne pense bien évidemment pas un mot de ce que je viens d'écrire ), donc à part ça, est-ce que ça tient la route? Bah oui! Avec son lot de suspects, de cris et de rebondissements, Nude...Si Muore dispose d'une histoire enthousiasmante et bien ficelée. Plus encore, on constate qu'une fois n'est pas coutume l'identité du tueur est plutôt imprévisible, twist bien foutu qui clôturera de fort belle manière les mésaventures de Lucille, l'héroïne. Proposant un spectacle riche, le réal surfe entre des scènes malsaines et des instants plus humoristiques (bon c'est pas non plus la grosse gaudriole hein). Voir un passage comique immédiatement suivi d'une scène très clairement impregnée de l'atmosphère des films gothiques anglo-saxons( le meilleur exemple étant cette cave faiblement éclairée, dans laquelle une valise renfermant le corps d'une jeune victime rappelle on ne peut plus la vierge de fer présente dans toute bonne salle des tortures qui se respecte), et ce avec un talent suffisant pour faire cohabiter le tout dans une même intrigue est quelque chose de très plaisant pour le spectateur. Cette variété de tons et d'ambiances on là doit d'ailleurs en grande partie aux personnages et à la diversité de leurs caractères. De la pensionnaire excentrique à la surveillante monolithique en passant par le vieux scientifique un peu à l'ouest et l'homme à tout faire voyeur, Margheriti peint des portraits variés, attachants quand ce sont les jeunes étudiantes (difficile de les trouver répugnantes faut dire), plus malsains quand il s'agit des enseignants/gouvernantes/pervers pépères. Ok ce sont des personnages déjà vus ailleurs (encore que, Nude... datant de 1968, il inventait plus qu'il ne copiait), mais ils font offices de parfaits rouages à la mécanique du film. Du coup on est un peu déçu de voir histoire si sympa traitée de manière aussi classique. Soyons clair, la réal assure plutôt pas mal, mais on était peut-être en droit d'attendre un peu plus de folie, d'audace. Il manque cette petite étincelle pour en faire un chef-d'oeuvre. En l'état, c'est juste un très bon film (c'est déjà pas mal faut dire ), qu'on savoure sur l'instant mais qui ne marquera pas son homme comme un 6 femmes pour l'assassin (sorti 4 ans plus tôt!) ou un Mais qu'avez-vous fait à Solange. Avis aux vicelards tout de même, le casting féminin à de quoi laisser rêveur. Et puis y a des jupettes quoi

Spoiler: