Sorti en 2001 exclusivement sur N64, Conker (sous titré à l’époque « Bad Fur Day ») est devenu l’un de mes jeux préféré. Un rachat de Rare plus tard Microsoft via sa Xbox accueil le retour de l’écureuil, à son tour en exclusivité, uniquement pour me faire sauter de joie. Ils me l’ont dit.
Avant toute chose précisons que la partie solo de ce Conker : Live & Reloaded est en fait tout simplement le remake de Conker’s Bad Fur Day le graphisme et la mise en scène améliorés. L’histoire ne change donc pas du tout, si vous aviez déjà le jeu vous avancerez donc en terrain conquis.
Encore une journée à coup fourré
Conker est un écureuil tout mignon mais pas très catholique. A mi chemin entre un Al Bundy (de la série Marié 2 enfants) et un Homer Simpson dans le charisme, il ne crache jamais sur une bonne bouteille de n’importe quoi du moment que c’est alcoolisé. Vous commencez à jouer alors qu’il sort d’une énorme beuverie avec ses copains de bar, la démarche encore vacillante et l’esprit pas tout à fait vif… Ne sachant plus trop où il habite mais souhaitant rentrer chez lui pour retrouver sa dulcinée (nommée Berry), il va s’engager au pif sur un chemin et se retrouver dans un univers aux situations totalement abracadabrantes. Voilà pour le but du jeu : rentrer chez soi (si ça c’est pas l’idée du siècle !).
L’univers le plus déjanté de l’histoire du jeu vidéo
Dès les premiers instants parcourus dans le monde on se croirait dans un bon vieux Tex Avery. Presque tout les objets que vous croisez sont vivants, de la liasse de billets jusqu’aux morceaux de gruyères en passant par une vulgaire roue d’engrenage. Tout remue, tout vous parle, vous engueule même. Au court de l’aventure vous allez croiser des personnages totalement délirants tel qu’une reine des abeilles qui se fait piquer sa ruche, une fleur à gros seins qui attend de se faire butiner, un gros tas de merde qui chante, des diablotins enflammés qui fume des joints, la faucheuse en personne, une chaudière géante sévèrement burnée, un parrain de la mafia, un vampire et bien plus encore. Chaque personnage est irrévérencieux souvent vulgaire et surtout hilarant ! Presque à chaque dialogue (sous titrés en français dans des bulles façon bande dessinée) on se fend la poire, aucune censure n’intervient si ce n’est des « biiiiiiiip » placés là volontairement par les développeurs pour couvrir un gros mot sur 3. Le pire c’est que ça donne une touche comique supplémentaire. Même quand vous ramassez une liasse de billet il vous arrivera de vous faire taxer de «Biiiip de poils de carotte» par le tas de pognon !
Conker quant à lui se tourne souvent vers la caméra pour placer des vannes à se rouler par terre, il engueule les développeurs du jeu, se fout de la gueule des autres personnages, culte !
Plutôt que de faire enchaîner bêtement les niveaux au joueur Rare a construit un monde ouvert où Conker peut se déplacer librement. Il suffit de rendre service à un personnage croisé ici et là pour avancer dans l’histoire, on se laissera guider instinctivement sans s’ennuyer une seule seconde. Ne vous attendez tout de même pas à vous balader tranquillement partout sans être interrompue puisque chaque « zone » est séparée par un sempiternel temps de chargement, ils sont très courts à chaque fois mais très présents malheureusement. Cependant étant donné la qualité graphique du titre (sur laquelle on reviendra) on peut se dire que c’était une obligation sous peine d’avoir un jeu saccadé à mort. En l’occurrence Conker : Live & Reloaded est tout ce qu’il y a de plus fluide, il y a peut-être une ou deux petite saccade sous certaines situations mais c’est vraiment pour chipoter !
Le level design est quant à lui un dessin animé ambulant. Varié, il vous emmènera sur du gruyère, sous l’eau, dans une ruche géante, dans un château, sur une montagne de merde (au sens « propre »), dans quelques arènes, faire du skate volant sur de la lave, dans une boîte de nuit préhistorique etc… Les références au cinéma sont nombreuses (Matrix, Dracula, Retour vers le futur, Terminator etc) et parfois même on assiste à la reproduction fidèle d’une scène d’un film comme le fameux débarquement d’Il faut sauver le soldat Ryan avec des oursons furieux (les Teddiz) à la place des nazis… Génial !
Au doigt et à l’œil
Un univers en béton armé pourrait totalement passer inaperçu si le gameplay ne suivait pas heureusement il suit, comme un petit chien même. La base du jeu est axée sur des phases de plates-formes Conker doit sauter, s’accrocher à des cordes, faire l’hélico avec son énorme queue (c’est un écureuil je le rappelle, pas de mauvais jeu de mot même si l’occasion me tente) pour sauter plus haut et plus loin, pousser diverses choses etc. On pourrait trouver ça très classique si l’univers ne venait pas rendre tout ça tordant de rire et complètement original. Par exemple on pousse une boule de merde jusqu’à ce qu’elle devienne énorme et qu’elle finisse sur la tête d’un méchant bloquant le passage, on doit éteindre des diablotins enflammés en pissant dessus (en ayant bu un max d’alcool à la cuve juste avant pour se remplir la vessie), on doit faire avoir la chiasse à des vaches pour pouvoir les dégommer à cheval sur un taureau etc, bref les situations sont toujours étonnantes et vous donne l’occasion de faire ce que vous n’avez probablement jamais fait dans un jeu.
Pour les plus dubitatifs que la plate-forme repousse sachez que le gameplay est extrêmement varié et qu’il propose beaucoup de phases d’action fusil à pompe ou mitraillette à la main d’ailleurs Conker a toujours une batte de baseball sur lui (qu’il a troqué contre la fameuse poêle à frire de la N64 dans une scène assez amusante…) pour botter le cul des ennemis. Certaines phases nous voient même faire la course sur un skate volant, chevaucher diverses choses (fourche, dinosaure etc), ou même transformé en chauve souris, de quoi surprendre le joueur et le tenir en haleine jusqu’au bout. Le tout se fait très instinctivement sans jamais poser aucun problème si ce n’est pour les phases sous marine, autant nager sur l’eau est simple autant faire l’écureuil en apnée risque de vous faire pester quelque peu. Il faut vraiment un temps d’adaptation pour maîtriser et même lorsqu’on maîtrise on ne peut s’empêcher de se dire que c’est mal foutu, dommage. Heureusement il y a très peu de passages sous l’eau… Dire que Rare a en parti repousser le jeu pour corriger ces phases…
Même si l’originalité fait partie entière du jeu il n’y en a pas moins des passages habituels pour un jeu de plates-formes comme le combat régulier contre un bon gros boss (en taille). Chaque mastodonte a son point faible et il faudra bien souvent tirer parti du décor pour l’achever, l’humour est toujours de mise et il vous arrivera de devoir taper là où ça fait mal (comprendre l’entre jambe) avec les moyens du bord… N’oublions pas de parler des actions contextuelles qui apportent elles aussi un peu de variété : Parfois il y a des gros « B » encerclé sur le sol, si vous allez dessus et que vous appuyez sur B Conker va réagir en fonction de l’action à faire, par exemple il va sortir une fronde s’il faut tirer sur des insectes volants, sortir un chalumeau s’il faut se débarrasser de chauve souris etc…
Des artistes Rare
L’un des gros points fort de Conker : Live & Reloaded, et certainement celui qui se voit au premier coup d’œil, se trouve être son graphisme absolument sublime. Il faut voir la fourrure de Conker pour le croire, on pourrait compter les poils ! Les décors aux couleurs chaudes pètent à l’œil, l’herbe bougent au grès du vent, quand l’écureuil sort de l’eau on voit le liquide qui s’égoutte pendant un moment le long du corps, si Conker marche dans la boue (ou dans le caca) des traces de pas apparaissent, ça bute quoi. Les animations ne sont pas en reste et toujours très expressives, si on ne touche pas au pad pendant quelques instants Conker va sortir des balles et jongler, sortir une console ressemblant étrangement à GBA SP et jouer, sortir un magazine et le lire, s’asseoir et chanter, sortir sa montre, un verre pour boire, il va nous demander si on est mort etc… Fun ! Lors du passage en boîte de nuit je vous conseille de laisser votre pad de côté 5 minutes juste pour regarder ce taré d’écureuil danser, hilarant une nouvelle fois !
Les temps de chargements entre les zones, entre chaque vie que l’on perd, entre chaque vidéo qui démarre peut vous faire perdre patience même s’il sont, je le répète, très court ce n’est jamais agréable de voir des temps de chargement à l’écran… Le graphisme sublime se paye.
Autre point fort qui contribue à donner une ambiance inimitable à l’univers de Conker : la musique et les bruitages. Là aussi on se croirait dans un dessin animé, un bon dessin animé où les musiques accompagnent le rythme de l’action, où les bruitages ajoute un élément comique à la situation, c’est de l’art mon cher ! Assied toi et prend toi ça dans la gueule. On regretterait presque que l’aventure se termine au bout d’une dizaine d’heures vu qu’on se laisse totalement plonger dans le titre mais heureusement les modes multijoueurs sont là et ils ne font pas semblant.
Quand y en a plus y en a encore
Grosse nouveauté pour Conker : un mode Live énorme. Vous choisissez votre camp et c’est parti pour de la bourre à 8 contre 8 sur un peu moins d’une dizaine de cartes. Plein de modes variés somme toute assez classique (capture the flag par exemple), des véhicules (qui changent selon la classe de son personnage, du gros vaisseau volant jusqu’au quad des familles), des armes variées elles aussi (sabre, fusil de sniper, lance flamme, bazooka, mitraillette etc) et on se marre comme des p’tits fous. C’est un vrai plaisir de dégommer la tête d’un Teddiz à plus de 30 mètres au snipe, il y a même des petites idées très sympas comme par exemple le fait de pouvoir agenouiller son perso ou le coucher (pour les snipers uniquement) histoire d’avoir une visée plus stable et d’être un peu plus à l’abris des balles. A peu près chaque classe a sa particularité, le type au sabre pourra par exemple faire un salto avant et se trouve être plus rapide que les autres etc. Ah oui c’est peut-être pas clair dans ce que je dis mais un personnage ne pourra pas avoir 58 armes différentes, chaque classe correspond à une arme et c’est pas plus mal. Avant d’entamer la bataille pensez à bien choisir la classe qui vous correspond le mieux donc (les bourrins évitez le sniper). Les champs de bataille sont toujours bien animés, ça shoot de partout, le pied. Précisons que les combats se font en vue à la troisième personne comme les phases de shoot du mode solo, ce n’est pas un FPS au cas où vous ne l’auriez pas encore compris.
Pour ceux qui n’ont pas le Live et qui commencent déjà à beugler (je vous entends cher peuple, je vous entend) il est impératif de savoir qu’il y a non seulement la possibilité de relier 4 consoles pour se faire des links d’enfer mais aussi la possibilité de jouer au mode multijoueur tout seul (ou à plusieurs sur la même console), des bots en guise d’alliers et d’adversaires. Excellente idée ! Ca permet même d’avoir un peu d’entraînement avant d’aborder une partie Live si on veut. Un mode propose même des minis scénarii où vous et votre équipe auront un objectif à accomplir du genre « protéger tel endroit de l’assaut ennemi ». Du tout bon une nouvelle fois, respect.
GRAPHISME
C’est incroyablement beau, l’un des plus beau jeu Xbox même. Les temps de chargement sont par contre un peu trop présents mais très courts en contrepartie.
JOUABILITE
Le seul véritable problème intervient lors des phases sous marines, tout le reste est très instinctif.
BANDE SON
Des musiques et des bruitages dignes des meilleurs dessins animés Tex Avery, du grand art. Les dialogues vous feront pisser de rire à chaque fois.
DUREE DE VIE
Le mode solo se fini vite mais on prend un pied énorme. Le mode multi est interminable mais pourrait lasser avec le temps puisqu’au final ce n’est que du boum boum sur un champ de bataille, mais bon on va pas chipoter…
VERDICT
18/20 Conker tu peux revenir quand tu veux squatter ma Xbox, même avec un remake de la N64 ! Ce jeu est une perle rare (ahah jeu de mot) à l’humour dévastateur et toujours en décalage complet avec ce qui se fait en matière de plates-formes. Ne pas le posséder dans sa ludothèque est un crime impardonnable, même pour ceux qui possèdent toujours la N64 et Bad’s Fur Day. Enorme.
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