Enfin une série française qui se démarque des séries policières plan-plan et grabataires, et des comédies approximatives familiales.
Scénarisée par le multi influencé Abdel Raouf Dafri (on sent son amour pour des séries américaines poignantes comme
Oz,
The Shield ou
The Wire), et produite par l'inspiré Jean-François Boyer,
La Commune sort des diktats imposés à la fiction française télévisée.
Ici, pas de bons, pas de méchants. Uniquement des types sans foi, ni loi, qui font ce qu'ils peuvent pour survivre dans un environnement hostile, en vivant de petits trafics, de commérages, et de crimes.
A la Commune, on trime, on vole, on tue.
Sorte de jungle urbaine, où les plus faibles ne peuvent pas prétendre à la survie de leur espèce, où la faiblesse est punie et où les forts règnent en maître, jusqu'à ce que de plus forts viennent les remplacer.
La Commune est sur le point d'être rasée.
C'est le point de départ d'un scénario alambiqué, où les personnages forts s'imposent, et où les faibles périssent.
La mairie veut faire disparaître les nuisibles, et les habitants de la Commune ne veulent pas se laisser faire.
Une guerre interne explose, et les médias font leurs choux gras de cette démolition programmée.
Housmane Daoud (flippant Doudou Masta), monolithe inspirant la terreur, est un caïd notoire que rien ne peut atteindre.
Même la police, désemparée dans cette cité en perdition, ne peut rien faire face à celui qui tient la population dans la paume de sa main.
Gigantesque, intimidant, il impose sa carrure dans chaque plan et inspire la peur la plus noire rien qu'avec son regard sombre.
Seul Isham Amadi (excellent Francis Renaud), fraîchement sortie de prison, après le meurtre d'un policier, vingt ans plus tôt, alors qu'il n'avait que 15 ans, lui tient tête.
Un personnage fascinant : en prison, pour expier son crime, Isham Amadi, de son vrai nom François Lazare, étudie le Coran, et se convertit à l'Islam.
Il trouve dans la foi, et la religion, une échappatoire pour devenir "un autre".
Lors de son enfermement, il écrit des essais qui deviennent des best-sellers qui lui assureront une vie "sereine" financière lors de sa sortie.
Autour de ces deux leaders évoluent quantité de personnages étonnants et fascinants.
En premier lieu, Milan Bajïc (superbe Stefano Cassetti, dans la droite lignée de son rôle dans
Roberto Succo), bras droit de Daoud, et véritable pile électrique survoltée qui peut partir dans des colères et des coups de sang très durs.
Anita Rossi (poignante Angela Molina), est responsable du centre social municipal de la Commune.
Femme battante, elle refuse que les familles figurant sur la liste noire de la mairie soient jetées à la rue.
Elle fera beaucoup pour imposer ses choix, malgré sa sœur, qui lui mène la vie dure.
Pour plus de personnages, rendez vous
ici.
Les gros points forts de la série, ce sont des acteurs impliqués, qui campent leurs personnages avec force, et détermination.
Et des dialogues incisifs, qui ne font pas dans la dentelle.
Hocine Zemmouri (intéressant Tomer Sisley), narrateur impliqué dans, et en dehors de l'histoire qui se déroule sous nos yeux, fait sans arrêt des parallèles entre la grande et la petite histoire.
On voit un avion s'écraser sur les tours jumelles, des images de la Seconde Guerre Mondiale, on parle de Pinochet, de Martin Luther King...
Les références sont subtiles, mais très rentre dedans.
Une série à l'avenir incertain, mais une première saison dantesque, dont les deux derniers épisodes, diffusés lundi prochain, me font déjà palpiter par avance...