Trainé de force (mais j'assume) j'avais voulu éviter ce film comme la peste, persuadé en mon fort intérieur qu'il ne pouvait s'agit que d'un étron cosmique aussi putassier que racoleur. Au final, je pourrais décrire le film d'une phrase que pourtant j’abhorre en temps normal : il a les qualités de ses défauts.
Pour faire court, le film est idiot, stupide même. Il ne raconte pour ainsi dire rien, ou si peu. Une jeune pucelle remplace sa journaliste de colloc pour aller interviewer Mr Grey, un milliardaire oisif dont on ne saura jamais quel est la fonction de son entreprise. Ce dernier fantasme à mort sur la donzelle, plus que motivé à l'idée de lui apprendre deux trois trucs. Elle, immédiatement in love. Seul hic, Grey cache un petit secret, il est SM dominant, au point de ne pouvoir envisager une relation qu'en infligeant la douleur. Tout le film repose sur la question, la fille va t-elle accepter le deal (car oui il y a contrat et tout le toutim).
Écrit avec soin, le film aurait pu être le American psycho du SM. Il aurait pu fouiller la psyché de ses héros, apporter une réflexion sur le couple et les limites que l'on peut franchir par amour, poser une réflexion sur la part cachée de chacun. Il n'en est évidement rien, puisque le film ne fait jamais que effleurer son sujet. Les trous béants du script (Grey est terriblement affecté par une nouvelle qui le met dans tous ses états, de quoi s'agit-il ? On ne le saura pas). Les incohérences manifestes. La trouille de se confronter au sujet évidente (les parties SM restent très sages, Grey est au mieux original, pas du tout malsain).
Ajouté à cela, les acteurs. C'est pas la cata. C'est pas ça le problème. Dakota Johnson est plutôt pas mal dans le rôle. Frêle et candide, toujours fragile mais dotée d'un caractère fort, ça passe. Jaimie Dornan c'est une autre histoire. Madame Nadsat me souffle que dans le roman Grey est un monstre de charisme, aussi affable que froid et dominateur. Et là c'est le hic. Avec sa tête de Mickey, Dornan est toujours sympathique. Jamais inquiétant. Ne manquant jamais une occasion de s'excuser ou de ménager sa partenaire sur ses petits jeux SM, il affiche toujours le même sourire en coin qui envoi très loin l'image du dominant qu'il est censé représenter. Les dialogues, eux, flirtent souvent avec le ridicule. Les scènes de sexe, très soft (on y voit à tout péter une demi-chatte et un quart de stouquette), semblent avoir été très génantes à tourner tant l'alchimie est faible entre les interprètes.
Bref, on est pas loin de la cata totale.
Sauf que voilà, il faut reconnaître une qualité au film. Et pas des moindres. Il se laisse regarder. Il a beau durer deux heures, et à la base ne pas m'intéresser, je ne me suis même pas ennuyé. Ce n'était pas bon, mais pas mauvais non plus. Ce manque de sérieux général renforce un aspect de comédie involontaire, ajouté à des passages réels de comédie qui rend le film pas si désagréable à suivre. La mise en scène, complètement anecdotique, est renforcée par un travail sur les décors et la photo plutôt classes, qui donne un certain cachet à l'ensemble.
On a donc affaire à un mauvais film sympathique, un nanar quoi.
05/10 Un film qui n'a aucun intérêt au revisionnage, ni aux suites.