Après
la Dernière Chevalerie, John Woo était bien décidé, avec une bande d’amis cinéastes (dont Tsui Hark), à redynamiser un cinéma hongkongais en perte de vitesse, ne sortant plus que des films de kung-fu faisant presque honte à l’âge d’or, l'époque de la Shaw. Fasciné et inspiré par le cinéma occidental (en particulier le cinéma français et américain), Woo mettra en scène un film désormais culte et qui, comme il le souhaitait, révolutionnera totalement le cinéma hongkongais :
A Better Tomorrow. L’histoire est simple : Ho et Mark (repsectivement Ti Lung, légende de la Shaw et Chow Yun-fat) sont deux amis travaillant dans le Milieu et plus précisément dans la fabrication de faux billets. Lors d’un échange à Taïwan, Ho et Shing sont victime d’un guet-appens. Se livrant à la police afin de sauver Shing, Ho se retrouve en prison. Alors qu’il refuse de replonger dans le Milieu suite à une promesse faite à son père pour protéger son frère policier, Kit, ses retrouvailles avec Mark changeront définitivement le cours de son destin. Comme dans tous ses films, Woo travaille laisse une place de choix à l’honneur, à l’amitié et au destin à travers le trio Ho-Mark-Kit. Mais si Woo instaura dans
ABT « l’intrigue à gangsters » comme une norme pour les films à venir, il réalisa ce qui allait être sa marque de fabrique, un élément cinématographique dont il sera le leader incontesté : les fusillades. Si la séquence finale ainsi que celle de la fabrique de faux billets restent impressionnantes, une scène en particulier restera dans la postérité : celle des pots de fleurs. Usant de ralentis pour la première fois de sa carrière (malgré les réticences de Tsui Hark), Woo expose tout son savoir-faire. Mais là où il est fort, c’est qu’il ne s’arrête pas là. En effet, outre le scénario et les séquences d’actions, John Woo est, tout comme Tarantino aujourd’hui, imbatable lorsqu’il s’agit d’allier l’image à la musique. Comme quoi, monter une scène d’après une musique est une excellente idée dont bon nombre de réalisateurs d’aujourd’hui ferait bien de s’inspirer.
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En trois lettres : OMG. Encore plus impressionnant qu’un pangolin qui craque son slip en dansant sur une poutre (le tout à la puissance 1000) , il y a
A Better Tomorrow II. Malgré la pirouette scénaristique autour de Chow Yun-fat qui peut paraître un peu ridicule, John Woo signe-là un chef-d’œuvre comme peu savent faire. Le dieu hongkkongais nous ressert à peu près la même recette que le premier épisode mais en prenant soin de rajouter encore plus d'intensité. Ainsi, comme dans beaucoup de ses autres films, Woo pousse les notions d’honneur et d’amitié à leur paroxysme et construit son film en un crescendo parfaitement équilibré et incroyablement génial, jusqu'à ce que le destin des protagonistes de ces deux premiers volets les mènent à la désormais célèbre scène finale, une fusillade qui n'a rien à envier à
The Killer ou
Hard Boiled, qui termine la vraie saga (la fausse comporte le troisième volet) sur l'image de l'Honneur et de l'Amitié, éléments déclencheurs ... de l'intrigue du premier volet. John Woo boucle donc la boucle et nous offre un deuxième volet définitivement meilleur que le premier.
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A Better Tomorrow III a au moins un avantage : celui de mettre tout le monde d’accord. Alors que certains utilise la périphrase désormais soudée à la réputation du film : « le seul nom de Tsui Hark résume l’ampleur de la catastrophe », je vais plutôt essayer de rentabiliser mon coffret de la trilogie avec un court extrait de la passionnante interview de Woo. Alors que le journaliste lui demande son avis sur un aspect d’
ABT III, John Woo répond laconiquement : « Je n’ai pas vu ce film ». Aïe. Véritable profanation du chef-d’œuvre que constituait les deux premiers volets, le film de Tsui Hark se targue en plus d’être une pâle imitation du style de Woo et finit même par parodier à l’extrême le réalisateur hongkongais : ralentis ne servant aucune beauté artistique, intrigue romantique bidon, notion de l’amitié, de l’amour et de l’honneur sous-développées et une séquence finale frisant le ridicule. Reste quand même la dernière scène dans l’hélicoptère qui peut se vanter d’être « passable ». Mais c’est dans le rythme que Hark se vautre avec splendeur, s’emmêlent dans ses intrigues et détruisant le film en entier, élevant l’échec au rang d’institution. Chow Yun-fat reste le seul point positif du film. Mais c’est tout.
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Suite à la longue discussions que j'aie eu avec Bad au sujet du coffret réunissant la trilogie, j'ai décidé de résumer ce qui avait été dit. Commençons d'abord par les défauts. L'inconvénient majeur de ce coffret, c'est bien évidemment l'utilisation de range-CD en carton. Ainsi, dès que l'on sort un DVD, il se raye. GG. Ensuite, l'absence flagrante de bonus vidéo comme HK Video sait si bien faire. Enfin, l'image rognée et recadrée.
Cependant, seul les pochettes en carton s'avèrent gênantes. Pourquoi ? Premièrement, parce que le recadrage des deux premiers volets permet une qualité bien supérieure :
- Spoiler:
Mais là ou HK fait fort, c'est dans le bonus que constitue l'interview de 144 pages de John Woo. Le maître analyse avec une rigueur chirurgicale son style, son parcours, ses influences ; fait son autocritique, pose un regard sans cesse renouvelé sur son oeuvre.
Pour résumer, on peut dire que ce coffret s'adresse avant tout aux fans inconditionnels de John Woo et non à ceux désirant uniquement découvrir les deux premiers volets (et même le troisième, même si cela s'apparente à des dérives suicidaires), qui feraient bien mieux de les acheter à l'unité, puisque réédités récemment chez HK.