Mordus de Ciné
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 Archipel

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2 participants
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Spark
Avocate Mayonnaise
Spark


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MessageSujet: Archipel   Archipel EmptySam 3 Nov 2007 - 14:28

*Toussote*
Chers Mordus!
C'est un peu intimidée que je m'adresse à vous. Voilà, ça fait quelques années que j'écris, et vraiment pas que du bon. J'essaie vraiment de progresser, donc de montrer mon travail à une grande variété de personnes. J'ai cru voir depuis le peu de temps que je suis parmi vous que non seulement vous aviez autant d'âges différents que d'horizons et de goûts. J'ai aussi vu que vous saviez critiquer de manière éclairée, et pas gratuitement méchante. Je solicite donc vos paires...d'yeux (:grumpy:) pour lire le dernier prologue que j'ai écrit, il y a un petit mois de ça. J'espère que ce ne sera pas trop long pour vous, mais je voudrais présenter prochainement un écrit à un concours. J'ai donc besoin de vos conseils... Bon courage, si vous vous y attelez!


Les passagers de l’Aislin somnolaient encore, bercés par le roulis, lorsque le Volcan découpa dans le ciel rosé son cône obscur. A l’unisson, le monstre de la nature et le bateau lâchèrent des lacets de fumée qui s’élancèrent vers des nuages intimidés par l’aube, ce qui réveilla le capitaine. Après s’être étiré puis extrait du siège dans lequel il s’était assoupi, il se leva et traversa le poste de pilotage pour rejoindre son second. Celui-ci, paupières papillonnantes, s’agrippait à la barre plus qu’il ne la tenait. Le capitaine lui fit signe qu’il pouvait aller se reposer, ce que son collègue ne se fit pas répéter deux fois, et prit les commandes du navire. La baie vitrée de la cabine permettait au regard de courir sur le pont avant, de bondir sur les crêtes d’écume après avoir franchi le bastingage, et d’apercevoir les généreux reliefs de l’Archipel qui se dessinaient peu à peu.

Le capitaine lâcha un soupir de soulagement en reconnaissant la pointe ivoire du phare de Jannat, le plus haut du continent, disait-on. Son signal lumineux s’effaçait peu à peu dans l’éblouissement de l’aurore et perdait de son mystère avec la levée des brumes nocturnes, mais le paysage qui se dévoilait par la même occasion n’enlevait rien à la fascination légendaire qu’exerçait la capitale sur ses visiteurs. Jannat, fondée quelques siècles auparavant par les premiers colons de l’Archipel, se lovait comme un lézard dans l’écrin nacré d’une crique de roche blanche, la seule de l’île principale à offrir des eaux assez calmes pour permettre aux gros navires d’accoster.
Le flanc Ouest de la rive, abandonné aux baigneurs et aux petits pêcheurs, semblait presque désert, les rares felouques à avoir déjà déployé leurs petits filets n’étaient, vues de l’Aislin, pas plus grandes que des araignées d’eau. Les plus anciens quartiers, battis de ce côté de la ville, consistaient en de petites maisons aux murs de chaume et aux toits plats, anarchiquement disposées le long de ruelles tortueuses et mal pavées. Le Vieux Port, comme on l’appelait, était le lieu de visite préféré des touristes. On y trouvait en effet tout ce qui pouvait se faire de plus pittoresque sur l’Archipel, les tavernes puant le poisson trop longtemps exposé au soleil, les échoppes colorées d’anciens marins de commerce sédentarisés depuis des lustres. On croisait au détour des rues, sous les croisées de verdure installées pour protéger les promeneurs du soleil, des personnages plus ou moins authentiques, mais toujours prêts à relater leurs picaresques existences d’habitants des îles, moyennant quelques pièces. D’aucuns se plaisaient à dire que dans les plus vieilles maisons du coin, des hôtels particuliers au luxe vétuste et aux patios envahis par les mauvaises herbes, se terraient d’anciens enchanteurs, et qu’on pouvait apercevoir, les nuits de nouvelle lune, le visage pâle de la Grande Ceallach à travers la poussière de leurs carreaux brisés.

La partie orientale de Jannat paraissait, quant à elle, habitée de démons d’une toute autre trempe. Du navire qui allait bientôt achever sa traversée de l’Océan, on sentait déjà son effluve enfiévré saturer l’air, et ses palpitations de créature sans sommeil tendre les nerfs. Les berges du Nouveau Port, entièrement biseautées pour accueillir décemment l’important trafic maritime, étaient plongées en continu dans une effervescence sans nulle autre pareille. De nouveaux bateaux accostaient et prenaient le large sans arrêt, dans un incroyable ballet de gréements et de cheminées, de houle précipitée contre les coques, de grincements de cordes et des voix des maîtres de pont hurlant dans toutes les langues du monde des ordres à leurs équipages. Une fois les jetées atteintes, le tumulte de ne décroissait pas. Les squelettes efflanqués de hautes grues pivotaient des embarcations aux berges, promenant dans les airs les chargements les plus variés. Les fourmillements de dockers accompagnaient leur danse, leur masse s’agitait en tous sens, courait, vociférait, organisant ses mouvements dans une folie furieuse étrangement ordonnée. On trouvait de tout entre leurs mains, ou sur les chariots qu’ils tractaient vers les entrepôts : animaux et plantes exotiques, épices, matières premières, rares et précieuses, porcelaine fine, or et gemmes, voitures montées ou en pièces détachées… de gigantesques caisses portaient même ce matin-là des inscriptions indiquant qu’elles renfermaient les morceaux de l’armature d’un ballon dirigeable. De ce splendide désordre émanait un vacarme de tous les diables, ainsi qu’une sarabande d’odeurs capables d’écoeurer les plus vaillants.
S’il avait survécu à la traversée des quais, le visiteur pouvait se diriger vers Jannat la Neuve. Passés les grands hangars de tôle sale, les rangs d’hôtels ou autres auberges plus ou moins luxueux, les comptoirs et les établissements des banques maritimes, on atteignait la vraie ville, écrasée entre le littoral et l’épaisse jungle qui recouvrait le reste de l’île, véritable flaque de mazout sur une mer limpide…

Le capitaine ne prêtait pas attention à cette détonante laideur, trop occupé à mener son bateau entre les autres bâtiments pour accéder aux quais. Les passagers, eux, s’étaient agglutinés à bâbord, charmés par la rusticité des premières maisons du Vieux Port.
En réalité, un seul voyageur contemplait les buildings dressés au-delà des mâts comme les cheveux sur le crâne d’un fou. C’était un homme quelconque, âgé d’une vingtaine d’années, auquel les petits yeux noirs, les cheveux ras et les épaules larges ne donnaient pas un air particulièrement affable. Accoudé au bastingage, il fixait Jannat la Neuve comme pour y déceler déjà quelque tout petit élément. Cependant, ce qui faisait se retourner les gens, ou du moins les incitait à jeter par-dessus leur épaule des coups d’œil amusés, n’était pas tant sa mine patibulaire, mais la petite bête qui, perchée sur le dos de sa main droite, semblait elle aussi profiter du paysage. Il s’agissait d’un petit loir, mais il avait l’air particulièrement réveillé et poussait des séries de couinements excités, ses pattes avant accompagnaient son babil en battant la mesure sur les doigts de son maître. Celui-ci ne réagissait que par des sourires ténus, étirant de façon fugace le trait simple de sa bouche.

L’Aislin coupa ses moteurs, lorsque deux remorqueurs trapus l’abordèrent et l’entraînèrent dans leur sillage mousseux. Ainsi, le navire accosta en douceur, seule une légère secousse prévint les passagers que terre était touchée. Les amarres furent fixées, on renversa entre le pont et le quai de fines passerelles qu’empruntèrent les occupants du vapeur. Quelques marins les aidèrent à sortir leurs valises, répondant par ailleurs à leurs questions angoissées d’étrangers sur la direction à prendre pour s’échapper des docks. Ils furent peu nombreux à quitter l’Aislin sans s’arrêter, pris de tournis, sans éprouver un sentiment mordant d’égarement, sans vouloir retourner dans les cabines qui, quelques minutes auparavant, leur étaient aussi inconfortables que des prisons.

En fait, ils ne furent que trois à filer droit vers leur but, et parmi eux se trouvait l’inconnu au loir. Bâti comme il était, il put aisément se frayer un passage à travers le tumulte de la foule, le petit rongeur s’étant réfugié dans le col de son long imperméable, au creux de son cou. D’un pas assuré, il longea les entrepôts survolés par des nuées braillardes de mouettes, emprunta la première voie qui partait vers le centre, une avenue lacérée par les rails d’un tramway brinquebalant. Quand il l’eut parcourue sur une centaine de mètres, il tourna à gauche, débouchant dans une rue moins large, bordée des façades blanches d’anciennes ambassades, de grandes boutiques et d’une ou deux banques dont le déclin était stigmatisé par l’absence de gardiens à l’entrée. Il emprunta le trottoir le plus large, marcha encore cinq minutes, pour s’arrêter enfin devant l’Hôtel Colonial, une grande bâtisse au parvis flanqué d’ambitieuses colonnes. L’établissement, malgré son élégance un peu usée, paraissait demeurer respectable. Des serveurs en livrées pourpres serpentaient entre les tables de la terrasse, à laquelle le voyageur prit place. Il choisit de s’installer à l’ombre des colonnes ; l’été touchait à sa fin, mais on entrait dans le féroce automne tropical, et le soleil n’était pas avare de ses rayons. Il commanda un grand café et, en l’attendant, passa en revue les clients attablés autour de lui : un jeune couple en plein débat sur les invités à leur prochain mariage, deux businessmen joviaux, cigarillos fumants et panamas gaillards posés en travers de la tête, une vamp en robe trop légère et un homme aux boucles de jais consumant lui aussi ses poumons à l’aide de fines cigarettes beiges. Le regard obtus du nouvel arrivant s’arrêta sur ce dernier. A peine plus âgé que lui, l’autre client lisait un journal avec un intérêt tout relatif, ses prunelles d’un gris brumeux glissant parfois sur les formes avantageuses de la femme fatale.

Le loir, moustaches frémissantes, sortit de sa cachette et vissa ses petits yeux ronds comme des billes sur le lecteur déconcentré.
- C’est lui ?murmura le propriétaire de l’animal.
Le lérot couina, l’homme le gratifia d’une petite gratouille sur le crâne, puis réalisa qu’il avait été servi. Tout en sirotant sa boisson fumante, il continua d’observer l’autre à la dérobée. A peine plus vieux que lui, il dégageait un désagréable mélange d’énergie nerveuse et de fatigue qui l’empêchait de se concentrer totalement sur quoi que ce soit, le moindre détail attirait son attention, des jurons d’un conducteur quelques mètres plus loin aux ronds de jambe de sa voisine. Au bout d’un quart d’heure, il referma son journal et se renversa en arrière dans sa chaise, soufflant avec force la fumée de sa deuxième cigarette. Les deux hommes d’affaires, après avoir payé une addition agrémentée d’un généreux pourboire, se levèrent et quittèrent la terrasse en passant devant sa table. Il les suivit de ses yeux mi-clos, pareil à un chat surveillant les mouvements d’une mouche, jusqu’à ce qu’ils disparaissent de son champ de vision. Son regard croisa alors celui du voyageur indiscret, rien qu’une seconde, le lérot piailla en sentant son maître se raidir. Il écrasa finalement son mégot, coinça un billet sous son verre et prit à son tour le chemin de la sortie. L’homme au loir attendit un instant et, délaissant à regret son café, régla aussi sans attendre le serveur. Malgré la chaleur, il resserra autour de sa gorge son imperméable, puis se lança sur les traces du client aux boucles noires. Il le repéra à sa gauche, les mains dans les poches, glissant sa mince silhouette entre les passants que dut bousculer son large poursuivant ; la filature commença.




J'ai déjà une suite en stock, mais je ne vous l'imposerai pas ^^
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MessageSujet: Re: Archipel   Archipel EmptyDim 4 Nov 2007 - 13:28

:shock:
Waho, félicitations, c'est fichtrement bien écrit !

La description de la ville semble plus vraie que nature, bourrée de détails ... Ta ville prend vraiment vie à la lecture du texte, bien joué !

Je ne suis pas le plus à même de juger une oeuvre littéraire, même si je suis (enfin, j'étais :( ) un assez gros lecteur, mais j'ai eu l'impression que chaque phrase était réfléchie, que tu utilisais un vocabulaire trés varié et, ainsi, ne te répétais jamais ...

Je n'ai pas vraiment de critique à faire, peut être des phrases parfois un peu lourdes, mais ça reste une question de style ;).

Continue comme ça en tout cas ;).
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MessageSujet: Re: Archipel   Archipel EmptyDim 4 Nov 2007 - 13:52

:heart:
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