La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck - 2006)

Ce film, dont l'histoire se situe au début des années 80, dans une RDA orwelienne et morne, muselant la presse et les artistes. Deux d'entre eux, l'auteur de pièces de théâtre Georges Dreyman et la comédienne Christa-Maria Sieland, l'un idéaliste, sûr de son succès, l'autre peu confiante et craintive, sont soumis à l'observation attentive d'un agent de la Stasi (services secrets de l'Allemagne de l'Est), un certain Wiesler.
La jolie Christa-Maria étant dans le collimateur d'un ministre de la culture peu scrupuleux, Wiesler est chargé de déceler à tout prix la faille de subversion qui fera tomber Dreyman et permettra son inculpation. Wiesler est un agent zélé, passé maître en l'art d'interroger les sympathisants (plus ou moins engagés) de l'Ouest, mais c'est aussi un homme terriblement seul. Le contraste entre les journées passionnées et riches de Dreyman, et la vie d'une monotonie écrasante de Wiesler devient de plus en plus frappant et douloureux pour l'agent, qui s'investit alors de plus en plus dans la vie du couple, déchiré avec eux par les épreuves qu'ils traversent.
Et lorsque Dreyman, jusque là parfaitement fidèle au régime, décide d'en dénoncer les failles, Wiesler accepte de fermer les yeux... Les évènements se précipitent alors avec une intensité théâtrale.

Car durant tout le film, on est le spectateur d'une tragédie. Les histoires s'imbriquent, on observe le couple d'artistes aux côtés de Wiesler... et on contemple l'identification progressive de ce dernier à ses "protégés", ainsi que son mal de vivre de plus en plus cruel, le suprenant au détour d'une journée d'écoute à verser une larme, à tiquer, à souffrir de son impuissance face à la dissolution de deux vies, puis à tenter d'agir contre un système au sein duquel il était pourtant parmi les meilleurs.

La prestation des acteurs (plus particulièrement Ulrich Mühe, qui incarne un Wiesler tiraillé à la limite de l'implosion par des sentiments qu'il semble n'avoir jamais éprouvés auparavant et qu'il étouffe tant bien que mal jusqu'à la fin), la mise en scène discrète et les musiques doucement mélancoliques achèvent de donner au film la profondeur (même les scènes les plus bénines ne laissent pas insensibles) qui lui fait amplement mériter son Oscar et explique sa popularité preque entièrement dûe au bouche-à-oreille.


Désolée pour toutes les parenthèses, c'était dur de mettre des mots sur tout ça!

Merci pour cet avis !

A propos du succès du film, dans le Monde entier, on ne peut pas vraiment dire que seul le bouche à oreille est à remercier.
Le film a concouru aux Oscars, dans la catégorie "Meilleur Film Etranger", l'a remporté, et a également reçu de nombreux un peu partout, qui ont accru sa notoriété.
Il a eu de très bonnes critiques partout, et a remporté un beau succès dés son lancement en France.
Le bouche à oreille est arrivé ensuite, et a permis au film de faire une longue et belle carrière

Citation :

Un film plusieurs fois primé
La Vie des autres a obtenu de nombreuses récompenses lors de plusieurs festivals. Il a notamment remporté, lors de l'European Film Awards, le prix du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur acteur. Lors de la cérémonie des German Awards il a reçu les prix de la meilleure mise en scène, du meilleur acteur, du meilleur second rôle masculin, de la meilleure photo, des meilleurs décors et du meilleur scénario. Primé meilleur film allemand de 2006, il a reçu le Prix Satyajit Ray au London Film Festival ainsi que La Clef d'Or pour la musique originale de Gabriel Yared au Festival d'Auxerre de 2006. Mais le film de Florian Henckel von Donnersmarck a également remporté l'adhésion du public avec quatre Prix du public lors des festivals de Locarno, de Vancouver, de Varsovie et de Pessac en 2006.

Source : Allociné

Sinon, c'est un film que j'ai très envie de découvrir, suite à tout le bien que j'ai pu en lire, et en entendre partout (le fameux bouche à oreille ).
Et ton avis ne fait que renforcer ma curiosité.

Je viens de lire qu'Ulrich Mühe est décédé d'un cancer, peu après la fin du tournage Lui même avait été l'objet de surveillances de la Stasi, et sa femme, une actrice dont il s'était séparé depuis, paraît avoir été collaboratrice de la police politique de l'époque.

J'en avais fait état ici.
Triste.

Salut !

J'ai vue le film. Et je remercie ma prof d'histoire de me l'avoir fait découvrir. C'est vraiment une histoire très touchante.
Encore un film ou les acteurs sont super bon. C'est mon film coup de coeur du mois de Janvier.
Un film a voir avant de mourir !

Dans ce film j'ai vraiment aimé l'homme qui travaille pour la stasi. Il crois à fond à sont gouvernement au début du film. Mais il va vite se demander si sont gouvernement est vraiment le meilleur...

Que dire de plus à part que tout est parfait ! sauf une chose...

Mais je ne vais pas vous révéler toutes l'histoire...

Le Grd détournement a écrit:

Que dire de plus à part que tout est parfait ! sauf une chose...

Mais je ne vais pas vous révéler toutes l'histoire...

Tu peux la mettre en spoiler, ta critique.

bazar de fuck, je hais la touche "Précédent"


"This Is Spinal Tap sur Virgin 17, la Vie des Autres sur Arte ..." devant ce dilemne cornélien, mon coeur balance vers la Vie des Autres, parce que "c'est le meilleur film sur la Stasi (tu m'étonnes, y'en a eu beaucoup qui en parlaient ?), il est très profond". Hop, je zappe sur Arte et c'est parti pour 1h30 de calvaire !

Hep mon p'tit bonhomme, 1h30 de calvaire ? Tu dois faire erreur, puisque le film dure en réalité 2h00 Hé oui, 1h30, car autant commencer par les bons points du film, ou plutôt le bon point : la dernière demie-heure. Elle est totalement maîtrisée, tant par la musique, l'interprétation ou le montage. Le reste, c'est le naufrage total Pourquoi ? Parce que la Vie des Autres me fait méchamment penser à un téléfilm d'Arte : réalisation minimaliste, musiques minimalistes, interprétations minimalistes (sauf pour Müche, très bon), rythme minimaliste ; et que l'on ne vienne pas me dire :"mais si c'est minimaliste, c'est parce que c'était la RDA, c'était pas cool, t'as vu". Autant de minimalisme s'apparente à du foutage de gueule. Et si ma patience à des limites, il ne faut tout de même pas exagérer.

7/10. Mais c'est bien payé.

J'ai du mal à voir comment ils auraient pu faire, en même temps. Plus de musique? Des dialogues de haute volée? C'aurait été mal adapté à la RDA-c'était-pas-cool-t'as-vu!

Ouais mais même si c'est la RDA-c'est-pas-cool-t'as vu, il faut quand même foutre de l'intensité quelque part, donner de la substance dramatique au film ! Parce que pour moi, un film qui n'est dramatique que par son contexte historique s'apparente à, comme je l'ai dit plus haut, du foutage de gueule. Parce que le metteur en scène a pris le sujet comme il est et s'est juste contenté de le filmer, sans apporter du "dramatique" en plus.

Je trouve quand même que certains moments ont une sacrée intensité dramatique... tiens, prends la fin, par exemple, ou le passage de la Sonate de l'Homme bon.
Bon, évidemment, on est dans un débat où aucun avis ne sera le meilleur.

A part le mien.

Beaucoup aimé, malgré (?) son austérité, que je prends surtout comme participant à l'ambiance générale (Peter Jackson aurait réussi à nous mettre des grands travellings tournoyants par hélicoptère pour montrer un type aux écouteurs, je préfère une certaine sobriété ici). Belle interprétation, qu'il vaut mieux préférer en V.O. tant la VF entendue sur Arte m'a semblée sans vie.

Et une des plus belles répliques de tous les films du monde, lorsque Muhe découvre la dédicace du livre et répond au libraire (qui lui demande si c'est pour offrir), "c'est pour moi".