Date de sortie : 08 Novembre 2006
Réalisé par
John Cameron MitchellAvec
Sook-Yin Lee,
Paul Dawson,
Lindsay BeamishFilm américain.
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h 42min.
Année de production : 2005
Distribué par
Bac FilmsInterdit aux moins de 18 ansSynopsis :Shortbus suit plusieurs personnages new-yorkais dont les aventures tragi-comiques naviguent entre sexualité et sentiments.
Tous fréquentent un club underground moderne,
Shortbus, où s'expriment toutes les sexualités.
Sofia est sexologue et n'a jamais connu l'orgasme. Avec son mari
Rob, elle simule le plaisir depuis des années.
Sofia croise
Severin, une maîtresse dominatrice qui tente de l'aider.
Parmi les patients de
Sofia,
James et
Jamie sont un couple gay qui tente d'ouvrir ses relations sexuelles à un troisième partenaire.
James propose une relation avec
Ceth, mais
Jamie reste sur ses gardes.
James semble avoir un projet secret. Il est suivi par un mystérieux observateur,
Caleb...
Fiche Film Allociné
Mon Avis :5 ans après la leçon d’amour qu’était
Hedwig and the Angry Inch, le génialissime
John Cameron Mitchell revient démontrer au monde qu’il n’est pas l’homme d’un seul film.
Arrivé au cinéma par le biais de sa pièce off-Broadway dont son premier film est une adaptation littérale,
JCM aurait pu en rester à un film marquant et immédiatement labellisé culte, peu importe si ce terme est désormais utilisé à tort et à travers.
Mais voilà,
JCM ne l’entend pas de cette oreille, et revient pour nous donner une nouvelle leçon d’amour... et de sexe.
On suit la destinée de différents personnages, tous en quête d’un manque sexuel ou affectif.
Sofia cherche à atteindre l’orgasme,
Rob, son mari, va se découvrir des penchants sado-maso,
James et
Jamie cherchent à consolider leur couple en faisant appel à un troisième larron pour leurs parties de jambes en l’air,
Caleb, qui les espionne en vue de faire parti un jour de ce couple à trois, est jaloux de leur nouvelle coqueluche,
Ceth, et
Severin, maîtresse SM honteuse de son véritable nom, cache une grande détresse et un besoin d’amour que ne lui apportent pas ses clients. Et tout ce petit monde se retrouve au
Shortbus, un "salon" (comme l’a appelé
JCM après le film) qui accueille des couples et des célibataires pour forniquer dans la plus grande joie et la plus grande insouciance.
Ce film, malgré un traitement que l’on pourrait qualifier d’épineux pour les bien-pensants (interdit aux moins de 18 ans en salles en France et un peu partout dans le monde pour cause de stouquettes et de choupinettes qui se rencontrent) est tout sauf graveleux et voyeuriste.
C’est un film prônant le sexe joyeux, comme un divertissement et non comme une source de prise de tête ou de conflit, comme on a pu le voir dans nombres de films récents (
Baise-Moi,
9 Songs,
Irréversible...).
Shortbus est un film drôle, insouciant, très fleur bleue, à l'humour ciselé et dévastateur.
Il est surtout bourré d’amour.
Car
JCM est amoureux de ses personnages. Il les magnifie pour en faire des êtres à part (ou pas justement), profondément humains, bourrés de défauts et de complexes comme vous et moi. Chaque situation, à potentiel comique ou émouvant, est une extrapolation de ce qui nous arrive à tous dans la vie. Adieu la star du Rock déchue, bonjour les petites gens, et leurs histoires de cul...
On effleure, en filigrane, des thèmes comme le 11/09/01, le sida, la vieillesse au travers d’un personnage magnifique d’ancien maire de New York qu’on sent ému de ne pas avoir pu s’imposer en tant qu’homosexuel lorsqu’il était plus jeune, la recherche de l’être aimé, finalement pas si éloigné du besoin d’enfin atteindre l’orgasme...
La galerie de personnages enchante, tous interprétés avec brio par des comédiens qui outre des scènes de sexe non simulés éminnement casses gueules pour des acteurs dans un film dit "classique", font montre d’émotions fortes, jusqu’à en faire tourner la tête lors d’échanges verbaux délicatement écrits...
On est transportés plusieurs fois dans des univers oniriques, que l’on trouvait déjà dans
Hedwig, et qui s’intègrent parfaitement au propos. Et lorsque le personnage de
Sofia, cherche en vain et surtout atteint enfin l’orgasme, c’est toute la ville qui en fait les frais... Je n’en dirai pas plus.
La mise en scène du cinéaste est au diapason du sujet traité. Pas d'insistances douteuses sur des pénétrations en gros plan, qui ferait passer le film pour un vulgaire film X de
Dorcel (arf !). Là aussi, tout est châtoyant, ludique et les explosions de couleurs chaudes et criardes apportent beaucoup à l'ambiance de bien-être, de douceur qui se dégagent autant des scènes de sexe que des scènes de couples.
Et tout ces petits détails, tout ces gimmicks qui font vivre le film, comme les polaroïds de
Severin, l'oeuf vibro-masseur de
Sofia, le caméscope de
James... sont autant d'éléments qui rapprochent les personnages, qu'ils s'échangent, pour finir par les lier dans une scène finale absolument magique, salvatrice et encore une fois respirant la joie.
Ce film est une nouvelle merveille à mettre à l’actif de l’étonnant
JCM, qui se renouvelle, et partira certainement dans d’autres directions pour la suite de sa carrière que l’on espère fructueuse et aussi excitante que ses deux premiers bijoux...
6/6 of course...
P.S. : En plus de ça, c'est une crème. Avant le film, nous sommes allé le voir avec Olivier, et c'est un homme charmant, abordable, vraiment content que l'on ait aimé
Hedwig. Une superbe rencontre d'un grand talent déjà confirmé, et d'un immense cinéaste en devenir.